Tunisie-Egypte : la dé-construction des mensonges Une analyse des révolutions à la lumière de Hannah Arendt

Article : <strong>Tunisie-Egypte : la dé-construction des mensonges Une analyse des révolutions à la lumière de Hannah Arendt</strong>
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12 février 2011

Tunisie-Egypte : la dé-construction des mensonges Une analyse des révolutions à la lumière de Hannah Arendt

Tunisie-Egypte : la dé-construction des mensonges
Une analyse des révolutions à la lumière de Hannah Arendt

Sommes-nous en train d’assister à l’écroulement de la pyramide des mensonges politiques ?
Hier en Égypte ressemblait au « 14 Janvier » tunisien. Aujourd’hui, le peuple égyptien, s’est réveillé le cœur léger. C’est le retour au rêve car l’horizon est dégagé, car Moubarak « n’est » plus ! On peut donc légitimement rêver pour de nouvelles choses non-prescrites, non-falsifiées!

Cependant cette histoire qui est en train de s’écrire de notre vivant par le « peuple », est tout d’abord un échec des tromperies et des mensonges politiques.
Hannah Arendt définie ces deux pratiques politiques par rapport à leur finalité en affirmant que : « La tromperie, la falsification délibérée et le mensonge pur et simple employés comme moyens légitimes de parvenir à la réalisation d’objectifs politiques » (Hannah Arendt, Du mensonge à la violence, Paris, Calmann-Lévy, 1972 :8-9).

Pour Hannah Arendt, c’est un choix délibéré des politiques d’user du mensonge pour gouverner au détriment de la vérité : « La véracité –dit-elle- n’a jamais figuré au nombre des vertus politiques, et le mensonge a toujours été considéré comme un moyen parfaitement justifié dans les affaires politiques » (Hannah Arendt, 1972 :9).

Se faisant illusion sur le pouvoir aliénable et éphémère du mensonge, le dictateur qui ne vit qu’au dépend de « la falsification de la réalité », arrive lui-même à croire à son mensonge. Pour Hannah, « plus un trompeur est convaincant et réussit à convaincre, plus il a de chance de croire lui-même à ses propres mensonges » (Hannah Arendt, 1972 :38). Cet état de fait, c’est ce que Eboussi-Boulaga nomme dans son ouvrage Le muntu problématique « le mensonge transcendantal » où le menteur-politicien « se perd et se fourvoie ».

Cependant, ce nuage mensonger qui l’entoure crée entre lui et le peuple selon Eboussi-Boulaga une « distance » infranchissable où il est déconnecté de la réalité. Dans cette logique, Hannah dit que : « Le dupeur qui se dupe lui-même perd tout contact, non seulement avec son public, mais avec le monde réel, qui ne saurait manquer de le rattraper, car son esprit peut s’en abstraire mais par son corps » (Hannah Arendt, 1972 :40).

Ce explique pourquoi rien n’a pu prédire au système-mensonge de ces deux ex-président Ben Ali et Moubarak, l’arrivée de cette colère du peuple. Cette colère qui est avant tout un « non »aux mensonges qui se transforme rapidement à une révolution-déconstruction.

Aussi pour Hannah « quelle que soit l’ampleur de la trame mensongère que peut présenter le menteur expérimenté, elle ne parviendra jamais, même avec le concours des ordinateurs, à recouvrir la tenture entière du réel » (Hannah Arendt, 1972 :11).
C’est pourquoi continue-t-elle : « La vérité, même si elle ne s’impose pas publiquement, possède en regard de tous les mensonges une inaliénable primauté ».
Cette « primauté » de la « vérité » voilà tout simplement ce que ces deux peuples nous démontrent.

Avis donc aux dictateurs qui s’accrochent encore au pouvoir en Afrique noire, car rien d’essentiel ne différencie les peuples tunisiens et égyptiens de leurs peuples.
Comme un adage le dis si bien chez nous : « le mensonge prend l’ascenseur ; la vérité, elle, ne prend que l’escalier mais la vérité arrive toujours à destination le premier ».

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Commentaires

David Kpelly
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Faire de la politique, c'est savoir mentir. Pas de commentaire. Mais faudra que le gestionnaire de la res publica sache mentir dans l'intérêt de son peuple qui l'a choisi dans le meilleur des cas, ou à qui il s'est imposé - comme Faure Gnassingbé - dans le pire des cas.
Hum, crois-tu, compatriote, que les Tunisiens et Égyptiens sont les mêmes que les peuples d'Afrique noire? Là, je doute fort! Ces gens ont une témérité que je ne vois pas chez nous ici. Ces soulèvements que nous voyons sur les médias, il faut du cœur, mais alors du cœur pour les alimenter. Et je crains fort que nous n'ayons pas ce cœur ici en Afrique. De toute façon, on espère.
Amitiés!

Charles Lebon
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"Faire de la politique c'est savoir mentir"; mais ne pouvons nous pas faire autrement la politique? Je propose une Conscience Éthique de la praxis politique.

Je crois que tous les hommes sont les mêmes. Ils n'ont pas une différence d'"être". Cependant ce qu'ils font relève de leur histoire. Et l'histoire se fait souvent par des éclaireurs, des éveilleurs de conscience. Si nous pouvons être ces éclaireurs, peut-être notre révolution aura même quelque chose d'artistique! N'est-ce pas!!!

Amitiés!