Tunisie-Egypte : la dé-construction des mensonges Une analyse des révolutions à la lumière de Hannah Arendt
Tunisie-Egypte : la dé-construction des mensonges
Une analyse des révolutions à la lumière de Hannah Arendt
Sommes-nous en train d’assister à l’écroulement de la pyramide des mensonges politiques ?
Hier en Égypte ressemblait au « 14 Janvier » tunisien. Aujourd’hui, le peuple égyptien, s’est réveillé le cœur léger. C’est le retour au rêve car l’horizon est dégagé, car Moubarak « n’est » plus ! On peut donc légitimement rêver pour de nouvelles choses non-prescrites, non-falsifiées!
Cependant cette histoire qui est en train de s’écrire de notre vivant par le « peuple », est tout d’abord un échec des tromperies et des mensonges politiques.
Hannah Arendt définie ces deux pratiques politiques par rapport à leur finalité en affirmant que : « La tromperie, la falsification délibérée et le mensonge pur et simple employés comme moyens légitimes de parvenir à la réalisation d’objectifs politiques » (Hannah Arendt, Du mensonge à la violence, Paris, Calmann-Lévy, 1972 :8-9).
Pour Hannah Arendt, c’est un choix délibéré des politiques d’user du mensonge pour gouverner au détriment de la vérité : « La véracité –dit-elle- n’a jamais figuré au nombre des vertus politiques, et le mensonge a toujours été considéré comme un moyen parfaitement justifié dans les affaires politiques » (Hannah Arendt, 1972 :9).
Se faisant illusion sur le pouvoir aliénable et éphémère du mensonge, le dictateur qui ne vit qu’au dépend de « la falsification de la réalité », arrive lui-même à croire à son mensonge. Pour Hannah, « plus un trompeur est convaincant et réussit à convaincre, plus il a de chance de croire lui-même à ses propres mensonges » (Hannah Arendt, 1972 :38). Cet état de fait, c’est ce que Eboussi-Boulaga nomme dans son ouvrage Le muntu problématique « le mensonge transcendantal » où le menteur-politicien « se perd et se fourvoie ».
Cependant, ce nuage mensonger qui l’entoure crée entre lui et le peuple selon Eboussi-Boulaga une « distance » infranchissable où il est déconnecté de la réalité. Dans cette logique, Hannah dit que : « Le dupeur qui se dupe lui-même perd tout contact, non seulement avec son public, mais avec le monde réel, qui ne saurait manquer de le rattraper, car son esprit peut s’en abstraire mais par son corps » (Hannah Arendt, 1972 :40).
Ce explique pourquoi rien n’a pu prédire au système-mensonge de ces deux ex-président Ben Ali et Moubarak, l’arrivée de cette colère du peuple. Cette colère qui est avant tout un « non »aux mensonges qui se transforme rapidement à une révolution-déconstruction.
Aussi pour Hannah « quelle que soit l’ampleur de la trame mensongère que peut présenter le menteur expérimenté, elle ne parviendra jamais, même avec le concours des ordinateurs, à recouvrir la tenture entière du réel » (Hannah Arendt, 1972 :11).
C’est pourquoi continue-t-elle : « La vérité, même si elle ne s’impose pas publiquement, possède en regard de tous les mensonges une inaliénable primauté ».
Cette « primauté » de la « vérité » voilà tout simplement ce que ces deux peuples nous démontrent.
Avis donc aux dictateurs qui s’accrochent encore au pouvoir en Afrique noire, car rien d’essentiel ne différencie les peuples tunisiens et égyptiens de leurs peuples.
Comme un adage le dis si bien chez nous : « le mensonge prend l’ascenseur ; la vérité, elle, ne prend que l’escalier mais la vérité arrive toujours à destination le premier ».
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