Diplomatie française : du jupon à Juppé, c’est encore une jupe

Article : <strong>Diplomatie française : du jupon à Juppé, c’est encore une jupe</strong>
Crédit:
2 mars 2011

Diplomatie française : du jupon à Juppé, c’est encore une jupe

Diplomatie française : du jupon à Juppé, c’est encore une jupe

Michèle Alliot-Marie et Alain Juppé

Le vent qui souffle sur les pays arabes n’emporte pas seulement les intouchables internes. N’ayant pas de frontière, ce vent s’est donné la liberté de visiter l’Hexagone, notre très chère France.

Attaquée sur tous les fronts sur sa gestion diplomatique de la crise surtout en Tunisie, Michèle Alliot-Marie a dû être sacrifiée, non sans raison, comme un bouc émissaire d’une diplomatie sarkozyste plus vieille que M. Sarkozy lui-même.

Avec une énième bousculade ministérielle, celle qui a passé ses vacances à Tunis, qui a proposé de prêter au régime de Ben Ali le « savoir-faire » des forces de l’ordre françaises, est remplacée par M. Juppé à la tête de la diplomatie française.

Mais pourra-t-on nous faire croire à nous sceptique pure et dure qu’en passant du jupon à Juppé, et bien, la diplomatie française changera de corsage ? Pour nous que ce soit jupon ou Juppé, le radical demeure : « jupe ». Donc rien d’après nous n’a changé et ne changera.

Nous peuples africains, ne pouvons plus rien attendre de cette diplomatie. Nous avons fait l’expérience, si nous excluons la période coloniale, de cinquante années d’amère et infructueuse collaboration, que dis-je, de domination.

A cinquante ans, nous ne pouvons plus espérer que la France se convertisse. Il y a longtemps que le baptême de Clovis a eu lieu.
Nos propos ici ne consistent pas à jeter seulement l’anathème sur la politique extérieure du régime sarkozy. De De Gaulle à Sarkozy en passant par Pompidou, Giscard d’Estaing, Mitterrand, Chirac, quel a été, quel est le rapport de la France avec nos pays subsahariens ?

La France, non pas les Français mais la France politicienne, pour ces intérêts économiques et stratégiques a accordé à ses colonies une indépendance de façade.

Elle a ensuite composé avec des dictatures par tous les moyens jusqu’à notre siècle présent, à nous maintenir dans une sous-culture parce qu’on ne serait pas suffisamment entré dans l’Histoire, en appauvrissant nos sous-sols presque gratuitement. Et pendant cinquante ans nous sommes toujours « en voie » de développement. Dans les cinquante années à venir, nous ne voulons plus « être en voie ». Quelle honte pour le maître qui après cinquante ans ne voit pas son disciple maîtrisé son art !

Et cette France, serait-ce la Chine ou la Russie, je ne perdrai pas mon temps cette nuit à écrire cet article. Mon âme serait égale, semblable aux stoïciens.

Mais cette France dont je vous parle, c’était le pays qui a, un jour à la surprise du ciel et de la terre, sali la couronne. C’est cette France qui a offert à l’humanité un 14 juillet à la fois ténébreux et lumineux ! La France, c’était cette terre qui a enfanté la déclaration des droits de l’homme. Cette France, c’est ce ciel que menace à jamais un drapeau tricolore avec pour chaque couleurs ce trinôme dangereux et divin : Liberté-Egalité-Fraternité.

Et depuis que la France a vu réapparaître la bourgeoisie sous le couvert du capitalisme, elle a mis en veilleuse ses valeurs. La France, grand pays de défense des droits de l’homme ! Voilà un discours fossilisé et nostalgique. Elle a enterré sa devise, son passé.
Elle boit et danse avec ceux qui nous oppriment. Mieux elle nous opprime. Et ceux qui nous oppriment, nos frères à la peau noire salie par la blancheur de la neige, changent sur les Champs-Elysées leurs boubous tissés par la mère Afrique avec des costumes-cravates.

Que ce soit un Alliot-Marie ou un Juppé, que ce soit Sarkozy, Strauss-Kahn ou pourquoi pas Marine Le Pen après la présidentielle de 2012, nous jeunesse africaine, nous n’attendons pas grand-chose de la France. C’est juste qu’elle s’occupe de ses intérêts !

M. Juppé disait à la passation de service avec Alliot-Marie que « la voix de la France est entendu ». Mais avez-vous entendu quelque chose ? Mais nous, nous ne voulons pas entendre. Ce n’est pas de cela qu’il s’agit. Le vrai et réel problème est comment cette voix se fait entendre et pour quelle fin. Mais après cinquante ans, nous sommes trop habitués aux rythmes de cette voix.

Par ailleurs cette voix de la France, M. Juppé, nous ne l’avons pas entendu. Nous l’avons plutôt attendu. Et à force de tarder, elle a vieilli de cinquante ans. Et nous, nous avons pris nos responsabilités, nous sommes partis et nous l’avons devancé. Vieille, nous ne pensons qu’elle pourra un jour nous rattraper.

Compatriotes, passons à un autre sujet, allons porter nos voix aux cœurs arabes asséchés et qui luttent pour se désaltérer. Peut-être marcherons-nous sur leurs pas ?

Partagez

Commentaires

David Kpelly
Répondre

Quel humour, mon vieux! Jupon... Jupé... Jupe! Faudra vraiment que la diplomatie française change d'habit. En pantalon par exemple? Ou en mawa?
Amitiés

Charles Lebon
Répondre

Je crois que en Mawa ça peut être novateur!!!