Crise post-électorale au Bénin : l’étoile s’est éteinte.

Article : Crise post-électorale au Bénin : l’étoile s’est éteinte.
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20 mars 2011

Crise post-électorale au Bénin : l’étoile s’est éteinte.

Adrien Houngbedji et Yayi Boni (président sortant)
Géographiquement et culturellement proche du Togo, le Bénin constitue un point de repère, une référence dans la plupart des débats politiques de mon pays.
Le succès de sa conférence nationale, attesté par les alternances successives pacifiques, demeure un point d’honneur dans la sous-région africaine. Le Bénin sur le plan démocratique est ainsi dans la sous-région une saine brebis parmi la plupart galeuse de la bergerie.
C’est l’étoile qui permet aux âmes africaines encore fières de leur négritude, de se défendre contre ceux qui par des arguties, pensent que l’Afrique serait incapable de démocratie.

Pour les peuples de la sous-région, la jeune démocratie béninoise est un facteur d’espoir et d’argument dans leurs luttes pour le progrès démocratique.
Par contre pour ces dirigeants méfiants envers les mots comme « transparence, liberté d’expression, opposition…etc. », la démocratie béninoise offre un exemple dangereux de déstabilisation et de réveil des consciences.

Mais après plus de vingt ans de marche démocratique certes douloureuse mais combien glorieuse, cette étoile, petite gloire de la sous-région, s’assombrit.
Après l’annonce par la Commission Électorale Nationale Autonome (CENA) ce vendredi, des résultats provisoires donnant pour vainqueur Yayi Boni dès le premier tour avec 53,17% des suffrages, la contestation ne s’est pas faite attendre. L’opposant historique Adrien Houngbédji qui arrive en deuxième position avec 35,65% prévient que « si la Cour Constitutionnelle ne prend pas ses responsabilités, le second tour se déroulera dans la rue ».

Face à cette situation, notre étonnement est est à la mesure de la gravité de notre indignation.
A Lomé, capitale togolaise, malgré que les regards internationaux soient tournés vers la Libye, la crise post-électorale au Bénin constitue le premier sujet de débat et des conversations. Certainement à cause de la proximité géographique et des liens sociologiques divers qui lient les deux peuples béninois et togolais.

Sans vouloir se risquer sur une analyse savante des causes de cette crise béninoise, pour le Togolais ordinaire, la réponse est claire : « Yayi Boni, qui a vécu plusieurs années ici au Togo dans ses fonctions de président de la Banque Ouest Africaine de Développement (BOAD), a certainement importé au Bénin, les « togolaiseries » dans son pays. D’ailleurs n’est-il pas ami et soutien de Faure Gnassingbé, dont la réélection est toujours contestée dans les rues de Lomé ? ».

Toutefois quoique disent les uns et les autres, la crise post-électorale qui s’ouvre au Bénin constitue une première dans ce pays après sa conférence nationale souveraine réussie.

Pour notre part, notre déception reste vive et émotive. C’est une amère expérience insoupçonnée que les âmes démocratiques viennent de subir.
Dans l’un de nos articles précédents, nous invoquions de nos vœux des élections festives en donnant quelques lignes directives pour cette fin.

En effet le facteur essentiel pour réaliser ces élections festives n’est pas de l’ordre quantitatif mais qualitatif en ce sens qu’il concerne la conscience politique. Ainsi la volonté politique positive doit pouvoir être garantie dans les clauses consensuelles que les acteurs politiques adoptent entre eux.

Mais en attendant que cette volonté soit une vraie culture pour les acteurs politiques, il faut que pour le moment, les peuples restent vigilants pour l’exiger sous toutes les formes possibles de leurs dirigeants qui, gardent encore dans leurs âmes des velléités de confiscation du pouvoir.

L’exemple ridicule du pardon demandé par le président sortant Yayi Boni le jour du premier tour de l’élection relatif à plus d’un million de non-inscrits sur la liste électorale, est tput simplement une mauvaise volonté politique.

Tout compte fait, cette crise post-électorale au Bénin nous enseigne une chose : le chemin de la démocratie et de la liberté est un chemin oblique et glissant. Pour arriver au sommet il nous faut tous les astuces, le courage et la volonté de l’alpiniste. Mais la possibilité d’une chute est tellement grande que toutes les forces vives doivent se serrer les mains, faire le cordon de la transparence et de la vérité afin de faire échec aux pesanteurs quelques soient leurs formes.

Pour que le Bénin ne soit pas à son tour un autre foyer de tension politique dans la sous région, nous comptons sur leur Cour Constitutionnelle, afin qu’après examen minutieux et responsable des recours qui vont être introduits, rende le droit dans l’intérêt du peuple et de la paix sociale.

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Commentaires

osséni
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Cette triste situation nous rappelle simplement le fossé existant entre l'homme des cavernes et le philosophe. Et les tyrans d'un nouveau type que sont la quasi totalité des dirigeants africains semble avoir oublié que leurs actions ne servent qu'a ensevelir encore plus ce continent au potentiel si mal exploité.

David Kpelly
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Sincèrement, cher compatriote, ce qui se passe au Bénin m'inquiète! On était si fier de ce pays. Je n'arrive pas encore à prendre position parce que je ne sais qui a réellement gagné. C'est compliqué! Mais il faut que le Bénin évite de tomber bas comme nous. Il faut que les jeunes surtout évitent de tomber dans la barbarie qui caractérise le désordre de ces pays menés par des leaders politiques de mauvaise foi.
Amitiés

Charles Lebon
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David,

Tu as raison il faut que les jeunes évitent de tomber dans la barbaries comme tu le dis. Mais déjà deux manifestations ont été réprimées par la police.
Espérons que la Cour Constitutionnelle fera bien sont travail!

Amitiés!