16 juin 2011

Crises socio-politiques au Togo : Faure et son gouvernement dans l’impasse

Forces de l'ordre pour encadrer ou au besoin réprimer la marche
Le Togo connaît depuis quelques semaines un regain de soubresaut socio-politique qui risque d’accentuer la fracture entre la population et ses gouvernants.
A part les marches hebdomadaires du de l’ANC de Jean-Pierre Fabre et de ses alliés réunis au sein du FRAC, les étudiants et le corps médical se livrent eux aussi à un bras de fer avec les autorités du pays.

Le corps médical en grève

Le corps médical par la voix du SYNPHOT (Syndicat National des Praticiens Hospitaliers du Togo) est à sa troisième grève en l’espace d’un mois suite à des négociations infructueuses avec les émissaires du gouvernement.
Que demandent-ils ? :
 Que nos CHU soient dotés de l’internet

 Que l’appoint annuel qui est une solution intermédiaire à la fixation des primes de risque réglementaire qui étaient de 3000 Fcfa part mois et par agent soit régulièrement versé

 Qu’il y ait un audit des centres de santés pour évaluer leur force financière dans le payement des arriérés de prime de garde

 Que le statut particulier du corps de la santé qui est l’élément essentiel du mouvement soit adopté

Ces quatre points étaient déjà acceptés par le gouvernement qui avait promis leur réalisation en Août 2010. Et bientôt un an de plus nous voilà toujours dans le dilatoire. Mais le manque de volonté, de vision et de cohérence dans la gestion de la res publica fait déjà payé le prix fort à cette paisible et courageuse population qui se voit depuis le mois dernier refouler dans les centres de santé pour motif de grève.

Pyramide de risque dressée à l'entrée du CHU Tokoin de Lomé


• Les étudiants ne décolèrent pas

A ce mouvement du corps médical s’ajoute la grogne des étudiants de l’université de Lomé qui depuis la fin du mois dernier ne cesse de se faire entendre. Ces étudiants, comme je l’ai déjà souligné dans un autre article, protestaient contre la mauvaise application du système LMD.

Après la fermeture de l’université suite à de grave répression policière, je mettais déjà en garde les autorités afin qu’ils trouvent des solutions idoines aux revendications des étudiants, faute de quoi à la réouverture on serait encore au statu quo. Et bien après une parodie de réunion de sortie de crise qui a accouché qu’une souris, nous voilà encore loin d’une sortie de crise.

Cette semaine, après la réouverture de l’université décidée le jeudi 06 juin passé, la répression policière continue par être la méthode de sagesse que le gouvernement et les autorités universitaires privilégient.

Ce jeudi matin suite à une énième répression des étudiants qui prévoyaient porter leur doléance au chef de l’Etat, le président du MEET (Mouvement pour l’Emancipation de l’Etudiant Togolais), ADOU Sébou et l’un de ses collaborateur ont été arrêté après avoir été roué de coups par les forces de l’ordre.

Cette méthode de répression, digne d’un régime en dégénérescence, pour ma part m’attriste du fait que l’emploi de la force pour essayer de résoudre une crise dans un milieu intellectuel est tout simplement l’échec de la raison.

Tout ce que les étudiants demandent se résument en deux mots : avoir les conditions minimales pour pouvoir offrir le meilleur d’eux-mêmes et être des hommes de qualité pour la relève de ce beau pays, notre terre à tous.


• La société civile et la classe politique se met sur le qui-vive

Ces deux crises, médicale et estudiantine n’ont pas encore fini de donner du fil à retordre au gouvernement que déjà il se met à dos la classe politique et la société civile.
En effet un projet de loi doit être présenté ce vendredi à l’Assemblée nationale pour adoption. La particularité de ce projet de loi consiste en la modification de la Constitution togolaise notamment en ses articles 13, 21, 116, 117 et 125.

La classe politique et la société civile dans leur ensemble ont déjà fait savoir au gouvernement RPT-UFC leur opposition à toute modification de la loi fondamentale du pays qui ne serait pas consensuelle.

Aujourd’hui l’ANC et ses alliés du FRAC prévoient de faire une marche de protestation qui les conduira à l’Assemblée Nationale.
Pour votre information, je vous propose in extenso les nouveaux articles 116 et 117 qui font du Président de la République le président du Conseil supérieur de la magistrature.

Articles 116 : Le Conseil supérieur de la magistrature est composé de onze (11) membres, dont trois (3) membres de droit et huit (8) membres élus :

Les membres de droit :
 Le président de la République
 Le ministre de la justice
 Le président de la Cour suprême

Les membres élus :
 Deux (2) magistrats de la Cour suprême, élus par leurs pairs ;
 Deux (2) magistrats de la Cour d’appel, élus par leurs pairs ;
 Deux (2) magistrats des tribunaux, élus par leurs pairs ;
 Un député élu par l’Assemblée nationale au bulletin secret ;
 Une personnalité n’appartenant ni à l’Assemblée nationale, ni au gouvernement, ni à la magistrature choisie par le président de la République en raison de sa compétence.
Le Conseil supérieur de la magistrature est présidé par le président de la République. Le ministre de la justice est le vice-président. Il peut suppléer le président de la République.
Les magistrats membres du conseil, à l’exception du président de la Cour suprême, sont élus par leurs pairs au bulletin secret. Les membres du Conseil supérieur de la magistrature sont nommés pour un mandat de (4) ans renouvelable une seule fois.


Article 117
: Le Conseil supérieur de la magistrature statue comme conseil de discipline des magistrats.
Lorsqu’il siège en formation disciplinaire, la suppléance du président de la République est assurée par le magistrat le plus ancien dans le grade le plus élevé, membre du conseil. En tout état de cause, la suppléance du président de la République ne peut être assurée par le président de la Cour suprême ou de l’une des chambres de la Cour suprême.
Les sanctions applicables ainsi que la procédure sont fixés par une loi organique.

En observateur de l’actualité de mon pays, je peux dire que toutes ces poches de protestations, ajoutées au phénomène de la vie chère qui est très prononcé dans le pays et des nombreuses maladresses de Faure et de son régime, n’augurent rien de stable pour l’avenir du pays.

Nous sommes assis sur une dynamite qui n’attend qu’une flamme. Mais je crois que nous avons la possibilité de nous ressaisir et d’engager résolument notre pays bien aimé sur la voie du renouveau sans trop casser les œufs.

Tout ceci ressemble aussi aux symptômes qui caractérisent l’usure du pouvoir. Il est vrai que Faure n’est qu’à son deuxième mandat, mais il représente un système qui a déjà assez vieilli.

Faure et les caciques du pouvoir RPT doivent commencer par tirer les conclusions de ces différentes grognes et envisager sérieusement la possibilité de quitter le pouvoir en assurant une transition pacifique à l‘approche des élections présidentielles de 2015.

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Commentaires

Gerry TAAMA
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excellent blog. Félicitation pour le travail.
Gerry.

Charles Lebon
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Merci bien Gerry,

ça m'encourage!

Amitiés!