31 août 2011

Togo: Les Gnassingbé lavent leur linge à la Justice

L’un des bons sens les mieux partagés dans la sous-région ouest africaine est cet adage: « le linge sale se lave en famille ».

Mais, depuis 1990, le vent de la démocratie qui souffle sur le continent noir, ne balaie pas seulement les partis uniques, le culte de personnalité ou encore l’omnipotence des églises traditionnelles; il a fait voler en éclat bien des mentalités, réinstallant et semant sur son passage les idéaux des droits universels et inaliénables de l’homme.

La justice institutionnelle apparaît désormais comme le moyen civilisé et équitable pour se régler les comptes.
Fini donc cette justice familiale qui protège les accusés surtout lorsque le crime relève d’un tabou.
Ainsi, si ce Tonton tant respecté du village, du quartier ou de la maisonnée viole sa nièce, sa cousine ou sa fille etc…. alors au nom du sacré silence et de l’honneur de la famille, zut! Silence! Ce linge sale…, ben! On le lave tout simplement en famille.

Mais depuis que les Blancs – ah, encore ces sacrés satanés de Blancs diront les pseudo-patriotes africains – ont essaimé dans nos sociétés des organisations tout azimut pour nous convertir de nos mentalités dites archaïques, traditionnelles voire fossilisées, on voit de plus en plus ces tontons bégayés bien devant des juges qui ne connaissent rien de l’arbre à palabre, pontifiant les procès, drapés de leur toge comme un évêque prononçant l’acte d’inquisition, et cachés derrières leurs lunettes à montures dorées peut-être pour mieux voir la vérité.

La famille Gnassingbé, la famille présidentielle bien que les gènes d’un passé dictatorial font désormais partis de leur héritage génétique, n’a pas échappé à ce vent ravageur, dévastateur, bienfaiteur.

Cette famille aussi fut mordu. Il n’a y plus le vieux Baobab, le Timonier, comme l’appelaient ses compatriotes, pour réunir sa famille en conseil à Pya, son village natale et pouvoir donc laver le linge sale en famille.

Puisque le vieux Baobab, père de Faure et de Kpatcha, surmoi qui refoulait les ça de ces deux garçons n’est plus, fini la lessive de famille! Tous à la Justice des Blancs!

Mais ici le dommage est que si cette justice est la justice des Blancs, ça rassurerait. Justice des Blancs, elle l’est seulement dans les textes. Je ne sais même pas pourquoi avec des yeux à faire fuir le diable, les professeurs menaçaient les étudiants de ne pas faire couper-coller, puisque nos lois, nos institutions et même les protocoles officielles ne sont que des couper-coller des réalités françaises.

Mais n’attendez pas que notre justice ressemble à celle des Blancs. Car ici, il est rarissime que les hommes puissants comme DSK, soient traduits en justice par une simple Nafissatou. L’accusé est très souvent le faible et l’accusateur le fort, parfois très « Faure ».

S’il arrivait pas mégarde le contraire, et bien le juge flanquait à l’accusateur une caution en millions. Et ben tout est dit! Vivant au dessous d’un dollars par jour, que voulez-vous qu’il fasse?

Bon, ce n’est pas notre sujet, pas de polémique! Que disais-je?

Six ans après la mort du général Gnassingbé, le saint sage, voilà que ses fils, ses filles, ses veuves, ses petits-fils, ses belles-filles, ses belles-mères, toute sa famille se trottinent au palais de justice de Lomé.
La justice par définition est le lieu où tout va se savoir. Ainsi les humains étant plus préoccupés de ce qu’ils peuvent savoir des autres que du « connais-toi toi même » de l’oracle de Delphes, affûtent déjà leurs oreilles pour ne pas rater le grand déballement made Gnassingbé.

• De grâce ne mêlez pas le Togo à votre lessive!

M. Kpatcha Gnassingbé et coaccusés sont accusés de « tentative d’atteinte à la sûreté de l’État togolais ».
Ce n’est là qu’une fausse accusation. En parlant de fausse accusation, je ne suis pas dans la logique des avocats qui veulent établir la vérité ou la non-vérité de l’acte d’accusation.

Considérons la proposition : « atteinte à la sûreté de l’État Togolais ». Cet acte d’accusation fait de l’État Togolais le plaignant.
C’est donc le Togo y compris ma pauvre personne qui traine donc Kpatcha et coaccusés en justice. C’est là où je crois que le mensonge est assez sournois et titanesque.

Il vaut mieux formuler l’acte d’accusation de la manière suivante: « …accusés pour tentative d’atteinte à la sûreté et aux ambitions de Faure Gnassingbé« .
Il y a bien longtemps que la sûreté de l’État Togolais n’est plus sûre. Elle a déjà été bafouée, avilie; elle n’existe plus; elle est morte!

Mais si nous voulons rester dans la logique de l’acte d’accusation initial, il faut aller à la source pour savoir les vrais gangsters qui ont porté atteinte à la sureté de l’État Togolais. Car la sureté de l’État, c’est sa Constitution. Et qui avait porté atteinte à la Constitution? Réponse sans ambigüité possible: Faure Gnassingbé avec une poignée de militaires.

Il est donc impossible pour tout esprit bien bâti, que ce soit Faure Gnassingbé qui porte plainte pour de telle accusation.

Ce 1er septembre, il devait être à la tête des accusés avec à son actif un acte d’accusation plus affirmatif qu’imaginatif  » Faure Gnassingbé et coaccusés y compris vous Kpatcha, vous êtes accusés non plus de tentative, mais d’atteinte à la sûreté de l’État Togolais ».

Ainsi s’il doit y avoir procès, il faudrait nécessairement commencer par là.
Car le procès auquel on assistera, sera semblable à l’histoire de deux brigands qui, après avoir opéré un vole, sur le chemin du retour, cherche chacun à éliminer l’autre pour garder à lui seul tout le butin.

Dès lors, de grâce, qu’on enlève le nom du Togo, encore moins de sa sureté dans ce procès, puisque de sa sureté ou de son intérêt, rien ne sera à son profit.

Mais vivement, que ce procès commence! J’ai hâte d’assister au grand déballage!

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Commentaires

David Kpelly
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Mais vivement, que ce procès commence! J’ai hâte de voir les chiens se mordent entre eux."
Tu es terrible, notre Charles national! Comment peux-tu souhaiter cela à nos bien-aimés frères rivaux?
Amitiés, ennemi!

Charles Lebon
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Salut cher David,
Certains lecteurs, ont trouvé cette conclusion violente. Je viens de la modifier pour ne pas choquer les sensibilités, puisque en fait je n'avais pas fait cette conclusion avec une colère virale. J'ai voulu simplement utiliser une image. Mais je crois que le contrat non-écrit qui me lis avec mes lecteurs leur vaut aussi cet honneur de répondre à leurs inquiétudes.

Bien de choses à toi!

Amitiés et "Ennemitiés" si on peut le dire!!!

Toto
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Comme le disait si bien le fou aux deux amoureux qui se chuchottaient "je t'aimes comme un fou": Pardon, faut enlever mon nom dans vos conneries là!

Charles Lebon
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Salut Toto,

Tu me rappelle là une histoire très rigolo. Je crois que tu as vu assez juste!!!

Amitiés!