20 avril 2013

Silence ! Le Togo enterre encore ses enfants !

Gouyano Sinandare, élève de 12 ans, tué par balle
Gouyano Sinandare, élève de 12 ans, tué par balle

J’ai rassemblé dans cet article trois éléments dans un souci de vous servir avec un seul article une large compréhension des derniers événements douloureux que traverse encore le Togo, mon pays.

  • Faits et Analyse
  • Eléments audiovisuels (Messes et dépôts de gerbes en mémoire des deux élèves tués)
  • La déclaration du STT à propos du décès de Douti

 

Nous sommes à la fin du mois d’avril. Bientôt les mois de Mai et de Juin qui sont des périodes d’examen de fin d’année scolaire au Togo. Conscient de cela, les élèves du Nord au Sud n’ont pas croisés les bras face à la grève lancée par l’un des syndicats des travailleurs du Togo, la Synergie des Travailleurs du Togo (STT), qui de fait, hypothèque le bon déroulement de leur année scolaire. Ils ont, de manière spontanée, manifesté ces 11 et 15 avril, que ce soit à Dapaong, Kpalimé ou Lomé, leur droit à l’éducation.

Dans les rues du Togo, les élèves ont tout simplement demandé à l’Etat d’assurer les meilleures conditions de leurs enseignants. Car leur droit à l’éducation implique que ceux qui leur dispensent les connaissances donnent le meilleur d’eux-mêmes. Mais comment un professeur, un médecin peut donner le meilleur de lui-même, lorsqu’il est incapable de payer son loyer…bref de faire vivre sa famille ? Telle fut le sens logique que les élèves ont donné à leur manifestation spontanée.

 

• Des Incidents au Nord…mais pas à Lomé

Si à Lomé, nous n’avons observé aucun incident majeur pendant la manifestation pacifique de plus de 20 000 élèves dans la journée du 11 Avril, ce fut le contraire au Nord.

A Dapaong, localité située au nord du pays, la manifestation pourtant pacifique des élèves, a débouché sur une violente répression des hommes en uniforme. Bilan officiel : deux élèves décédés.

 

  • Le premier par balle : il s’agit de Gouyano Sinandare, élève de 12 ans, tué par balle.
  • Le second : Douti Sinanlengue, élève de 1ere A4 à l’école privée Archimède de Kombonloaga. Il a rendu l’âme ce mercredi 17 au Centre hospitalier régional (CHR) de Dapaong suite aux violences et coups que les hommes en uniforme lui ont assené à l’abdomen.

Cette violente répression exercée au Nord du pays contraste avec l’attitude que ces mêmes autorités ont observé face la manifestation au Sud notamment à Lomé.

Mais à voir de près et l’instrumentalisation que ce régime de père en fils fait des clivages Nord-Sud, on se rend compte que cette répression au Nord est dû à une idéologie du pourvoir RPT/UNIR : « Il n’y a qu’un groupuscule d’opposant qui s’agitent à Lomé….Le reste du pays est acquis au clan Gnassingbé….Lomé ne fait pas le Togo…Le Nord du pays est un acquis ».

Ainsi toute forme de soulèvement ou de bruit contre ce régime au Nord du pays serait en soit une contre vérité et un démenti sévère à ces idéologies meurtrières du régime de Faure Gnassingbé. Il devient donc impératif pour ce régime d’étouffer vite et bien, sans laisser de trace, toute forme de contestation au Nord du pays. C’est ce qui explique cette brutale répression des hommes en uniforme.

Ce qui a donc tué Sinandare, un jeune élève de 12 ans n’est pas une arme. Ce qui a donc tué Douti, n’est pas que de la violence gratuite. C’est une logique ethno-régionaliste qui les a tuées.

Le pouvoir en place a toujours instrumentalisé les clivages Nord-Sud hérité des colons.

Que le Nord doit rester soumis, explique la violence avec laquelle la manifestation au départ « joyeuse et innocente » des élèves a été réprimée.

Mais aujourd’hui et d’ailleurs depuis toujours, il est d’une évidente limpide que le changement est un désir le plus ardent de tout Togolais du Nord au Sud et de l’Ouest à l’Est.

• Dépôt de gerbe et colères des Togolais en mémoire des deux élèves (Eléments audiovisuels)

In memoriam Anselme SINANDARE Gouyano : De la messe au dépôt de gerbe

 

Des centaines de personnes se sont rendus à la place des martyrs à Lomé au Togo, pour rendre hommage à la mémoire d’Anselme Sinandare Gouyano.

 

Après la messe pour le second élève tombé sous les balles de la bêtise et de la tyrannie du régime de Faure GNASSINGBE, les responsables de la Synergie des Travailleurs du Togo (STT) et la foule ont déposé une gerbe de fleurs en sa mémoire.
DOUTI Sinanlengue était élève en classe de 1ère A4 au lycée de Kombonloaga.

 

In memoriam DOUTI Sinanlengue : Quelques extraits de la messe

 

  • COMMUNIQUE DE LA SYNERGIE DES TRAVAILLEURS DU TOGO

Le 18 avril 2013, certaines informations nous sont parvenues faisant état de manœuvres gouvernementales en vue de manipuler l’opinion nationale et internationale : l’objectif était de se dédouaner en démontrant que la mort du jeune DOUTI Sinanlengue ne pouvait en aucun cas être attribuée à l’intervention d’éléments des forces de sécurité.
Dans une conférence de presse organisée dans la matinée du 18 avril, le ministre Hamadou Yacoubou a annoncé les couleurs en affirmant que ce décès était consécutif à une intervention chirurgicale qui avait mal tourné et que, toujours selon le ministre Hamadou, « ce n’est pas sur des coups qu’on a des intestins perforés. Les éléments d’une expertise médicale disent clairement que c’est une infection qui a tué l’enfant ; le démenti du gouvernement est formel et ce qui a été dit sur RFI est faux ».
Dans la soirée, un communiqué du gouvernement a été rendu public dans lequel le procureur de Dapaong annonçait que l’enfant ne portait pas de traces de coups ; pourtant le communiqué précise aussi « qu’il s’agissait plutôt d’une contusion de l’abdomen ayant entrainé une péritonite aiguë généralisée par perforation de l’intestin grêle ». En d’autres termes, le procureur confirme bien qu’il s’agissait de choc ou coups reçus dans le ventre ayant occasionné des lésions internes qui se sont compliquées et ont entrainé la mort. En médecine, il est reconnu que des chocs violents dans le ventre peuvent provoquer des lésions internes sans laisser de traces sur la peau.
De ce qui précède, on peut affirmer, comme cela a été dit par les médias nationaux et internationaux, que DOUTI Sinanlengue a subi des violences et des coups portés au ventre ; ces coups ont occasionné des lésions internes qui ont entrainé sa mort. Qui a porté ces coups ? Qui a frappé DOUTI Sinanlengue avant de le jeter dans un fossé ? La famille du jeune homme affirme que quand il était encore lucide, DOUTI Sinanlengue a bien confirmé avoir été battu par des hommes en uniforme !!! Nous laissons la justice rechercher les coupables.
Nous réitérons donc notre appel lancé hier au gouvernement lors de notre Assemblée Générale : ayez l’intelligence et la décence requises dans le traitement de ce drame. Ayez du respect pour la mémoire de ces victimes et de la considération pour leurs familles. Demandez sincèrement pardon et la nation vous pardonnera. Vous aviez déjà voulu démontrer qu’Anselme Gouyano SINANDARE était mort piétiné, les photos de son corps transpercé par une balle vous en ont vite dissuadés. Vous revenez avec une nouvelle tentative de désinformation et de mépris inqualifiable en affirmant que « ce n’est pas sur des coups qu’on a des intestins perforés ». Evitez cette fuite en avant, cette arrogance, et cette attitude de déni perpétuel pour apaiser réellement les cœurs meurtris des Togolais.
Toutes nos condoléances aux familles DOUTI, SINANDARE, à tous les frères et sœurs de Dapaong et à toute la nation togolaise.

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Commentaires

jeogo
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Triste trop triste.Paix à son âme.
Kèdèèè Charles !!!
Jeogo