Togo : de la problématique de l’exercice de la « parole » comme instrument d’évolution des peuples

24 octobre 2010

Togo : de la problématique de l’exercice de la « parole » comme instrument d’évolution des peuples

De la problématique de l’exercice de la « parole » comme instrument d’évolution des peuples : prise de conscience de l’échec de cet exercice dans les différentes couches sociales au Togo et perspective d’un nouveau départ

  • Le principe de la parole élément fondamental de l’histoire

Chers concitoyens,

Je suis un togolais qui croit en une destinée heureuse de notre chère patrie le Togo, parce que croyant aux Togolais, croyant dans leur capacité à se libérer de toutes formes d’entrave pour leur épanouissement sur tous les plans.

Pour l’œuvre de la liberté, les hommes créés à l’image de Dieu, ont donc à l’exemple de Dieu, pris comme arme la parole. Cette parole qui est action positive, donc création. Dieu dit en effet : « Que la lumière soit et la lumière fut » et en Marie le Verbe ne s’est-il pas fait chair ?

Mais ce principe de la parole n’est pas seulement révélé à travers la tradition judéo-chrétienne. Traditionnellement la pensée cosmologique africaine fait aussi du verbe, ce part quoi procède le monde. Le métier à tisser illustrant le mythe de la création chez les Dogon nous en dis d’avantage (voir G. Calame-Griaule, Ethnologie et langage.la parole chez les Dogon, 1965, p82).

C’est donc par la parole, par le verbe, par le logos qui est vérité que l’humanité quelque soit l’histoire particulière de chaque peuple a entrepris sa marche de l’histoire et de sa civilisation. De ce fait, il n’est donc pas blasphématoire de dire que Cicéron, Rousseau, Rabelais, Montesquieu, la Fontaine, Voltaire, Victor Hugo et la multitude des Africains qui ont combattu le colonialisme sur le terrain du langage, furent des dieux. Car par leur parole, des actes civilisatrices se sont dressés terribles comme des pyramides contre les barbaries.

  • L’échec de l’exercice de la parole au Togo

Cet exercice de la parole que les pères de notre indépendance ont bien incarnés, après sa brusque disparition de 1963 jusqu’à la levée des soleils des années 90, continue de nos jours à être vidé de son essence : la vérité.

En effet dans cette société togolaise, je ne pense pas qu’il faille que ce soit moi qui prenne la parole en ces moments ténébreux de notre vivre en commun. Il y a des gens savamment doués, intelligents, mieux organisés dont l’expérience même leur vaut des harcèlements pour être embauchés sur le plan international.

C’est pourquoi jusqu’à ce jour, j’ai espéré qu’ils ne failliront pas à l’exercice de la parole.

Mais lorsque tu vois des gens pleurés et on te dit qu’ils sont en train de rire, cette parole n’est plus dès lors parole. Elle est essentiellement non-parole. C’est l’abyme, c’est le néant, c’est le gouffre, c’est tout simplement la résurgence du vieux problème de l’être et du non-être.

Mais si du non-être, rien ne peut provenir, n’espérons donc pas que notre pays se développerait avec la non-parole.

  • Mon engagement pour sauver la parole

Voyant donc mon espérance en l’exercice de la parole de ces hommes et femmes, mes chers togolais, devenir un balbutiement, mon cœur au lieu de s’effondre en moi comme du beurre, au contraire, c’est repris à battre vaillamment faisant circuler le sang dans mes veines comme des torrents entrainés par des flots en furies. Alors mes bras plus que jamais armés de ma pensée qui réclament le logos, arrachent aux anciens et aux intelligents la parole.

Cette parole, je ne la prends pas. Je l’arrache. A qui ?

  • La parole arrachée aux chefs coutumiers et de villages

Je l’arrache d’abord et avant tout à nos chefs coutumiers, de villages et à tous ceux qui sont dépositaires de nos us et coutumes. L’Afrique ma mère leur doit un procès, car c’est chez eux qu’au prime abord, cette parole a été caché non pour la faire disparaître mais pour mieux gardé son éclat.

Cette parole, nos chefs coutumiers ayant fait de leurs couronnes des chaînes infernales, l’ont garrotté et l’on livré à leurs enfants qui sous des costumes vestes-cravates de pseudo-démocrates, gouvernent les peuples asservis, assujettis et assommés. Ils ont oublié que l’autorité appartient à celui qui sait parler avec sagesse et se taire avec discernement.

  • La parole arrachée aux professeurs d’université

Cette parole, je l’arrache à mes professeurs d’université surtout des lettres, qui préfèrent écrire des futilités aux intérêts internationaux pour pouvoir gravir les marches des titres académiques.

Ils ont sacrifié le logos et par là-même le mérite de l’existence de l’Université à ces dirigeants qui ne savent même pas l’origine, les conditions, l’évolution, bref le combat qui a fait naître l’Université. Ces professeurs, si en plein journée, Diogène le Cynique a cherché le soleil avec une lanterne, eux en pleine nuit, il se dise : « quel soleil il fait ! ».

  • La parole arrachée aux hommes de lois

Cette parole, je l’arrache aux hommes de lois, aux avocats et organisations de défense des droits de l’homme.

Ils sont ceux qui accourent après la tempête. Sans la violation des droits de l’homme, leur existence semblerait inutile. C’est ce qui leur donne de la visibilité puisqu’ils en ont besoin pour le financement de leur projet. Je leur arrache la parole, car le logos est action pour l’être. Et cette action est le summum bonum, le bien par excellence. Et le bien n’est pas une conséquence ou ce qu’on pourrait tirer de meilleur du mal. La justice ne peut-être le fait de libérer ceux qui sont injustement  incarcérés, privé de leurs droits, mais que jamais le juste ne soit incarcérés, privé de ces droits.

Le logos étant donc action-préventive, il faut que ces hommes de lois et/ou de défense de droits de l’homme travaillent afin que nos institutions soient fortes au lieu que des individus  « faures » les incarnent. Pour le moment, ne le faisant pas, je leur arrache la parole.

  • La parole arrachée aux journalistes

Aux journalistes qui, par leur ténacité et leur service à la parole, ont fait du journalisme l’un des métiers les plus dangereux et noble, je leur arrache la parole.

Non, à ceux qui vaillamment continuent le combat à l’issu duquel le vaincu sort toujours plus rayonnant, parce que étant petit, il a osé combattre les géants, mais à ceux-là qui se contentent du minimum et du mesotès (Juste milieu).

Le journaliste n’est pas celui qui informe le peuple. Il a été de toujours et de tout temps celui qui posse des questions radicales et absolues : la monarchie ou la république ; la dictature ou la démocratie ; l’assujettissement ou la libération ; la souveraineté des puissants contre le peuple ou la puissance de la souveraineté du peuple ; le statu quo ou la révolution ; la croyance aux religions et dogmes ou la foi en Dieu et en l’amour ?

Il ne se pose pas en intermédiaire au nom d’une déontologie, mais se range du côté où se trouve le logos, y prend son appui, et faible qu’il était, s’y dresse terrible et rayonnant comme l’architecte de la volonté des peuples. Il est celui qui croit que le grain de blé jeté en terre produira des milliers d’autres.

Mais dans notre contexte togolais pour la plupart ne faisant ou bien n’étant pas ces hommes, je leur arrache la parole.

  • La parole arrachée aux hommes politiques sans politique

Aux hommes politiques sans politique, j’arrache la parole. Ils sont sans politiques car la politique veut dire vision. Mais quelle vision ? Vision d’une nation. Ils ont, ces messieurs togolais, préféré la vision d’eux-mêmes créant ainsi une distance abyssale entre  celle-ci et la vision du peuple. Ils n’ont pas eu tôt le réflexe de comprendre que c’est la vision pour la nation qui fait la vision des politiciens. Ils n’ont pas compris que c’est l’une qui donne la valeur à l’autre. Peut-être que cela ne relève que de leurs ignorances de la loi de cause à effet.

A ces hommes politiques, je leur arrache la parole car cette parole sortie de leur bouche perd son essence et se corrompt. Cette parole prononcée par leurs lèvres assombries l’espoir du peuple plutôt qu’elle ne l’éclaire. La parole politicienne a perdu sa valeur avec les politiciens togolais et est en état de dégénérescence prononcé.

Peut-être que nous devons désormais exigé que tout ceux qui veulent faire la politique, retourne dans l’histoire universelle des peuples pour apprendre les actes des individus qui sont devenus grand par l’exercice consciencieux du pouvoir qui leur ont été confié par leur peuple.

A ces messieurs politiciens-gouvernants qui ont sacrifié l’attente nationale sur les plateaux de porcs occidentaux, à ceux-là qui ne jure le développement que par des aides, le leur arrache la parole.

D’ailleurs de quels droits vous vous prétendez aux titres de politicien ? Politicien, vous ne l’êtes pas. Car n’est politicien que celui qui incarne le logos qui lui-même est vérité. A vous j’arrache la parole.

  • La parole arrachée aux hommes de religions

Aux hommes de religions, j’arrache la parole. Ils sont tout sauf des religieux. S’ils se disent tels, alors convenons qu’il y a un brouillard chez eux en ce qui concerne le signe et le signifié. Je leur confère bonnement le titre d’hommes de religions. De religieux, même dans le monde entier, il est rare d’en trouver. Comme Jésus, on peut les reconnaître par leur  « croix ». Ils ne sont pas religieux par décret institutionnel, les masquant avec des soutanes, des mitres, des crosses, des vestes-cravates ou par des col-romains. Ils ne sont pas reconnaissables par une quelconque ordination ou par des titres.

Ils sont tout simplement à l’image de Jésus indexant le mal et soucieux du pauvre qui n’a pas de pain.

Ces hommes de religion, parce qu’ils ne sont pas ce qu’ils prétendent être c’est-à-dire religieux, je leur arrache la parole.

Je leur arrache la parole, car cette parole qui est logos, verbe, dont ils prétendent être d’inutiles, d’humbles… serviteurs, s’est révélée en s’incarnant.

Cette parole-verbe nous a montré toute sa richesse en s’incarnant dans notre misère : l’humanité. Une fois en, dans et par cette humanité, il a résonné, il s’est communiqué en transfigurant nos ténèbres, en levant le voile sur la cécité des hommes de religion de son temps. C’est cette parole-verbe qu’ils prétendent servir qui a osé dire : « allez dire à ce renard » et dira plus tard à Pilate qui croyait être puissant « Tu n’aurais aucun pouvoir sur moi ».

Il y a quelque chose de drôle, de très drôle dans ces serviteurs de cette parole-verbe, qui tandis que le peuple est agonisant, roulent dans de grosse carrosse, boivent du vin distingué, portent des tissus rare brodé d’or en célébrant magnanimes, prétendant apparaître dans des vases d’or le sang du Christ, ou criant la puissance d’un Dieu qui sauve devant une foule qui ne sait quoi manger une fois rentré chez eux. « La religion en esprit est-elle possible quand le pain quotidien n’est pas assuré, quand la crainte est la compagne habituelle de l’homme ? » se demande Jean Delumeau (Le Catholicisme entre Luther et Voltaire, 1971, p 247). Et pourtant il clame : « Heureux les pauvres, car  le Royaume des cieux est à eux ».

C’est contre ces hommes qu’Ezéchiel parle de la part de Dieu :

« Fils d’homme, prophétise contre les pasteurs d’Israël, prophétise. Tu leur diras : Pasteurs, ainsi parle le Seigneur Yahvé. Malheur aux pasteurs d’Israël qui se paissent eux-mêmes….Vous vous êtes nourris de lait, vous vous êtes vêtus de laine, vous vous avez sacrifié les brebis  les plus grasses, mais vous n’avez pas fait paitre le troupeau….Mon Troupeau erre sur toutes les montagnes et sur toutes les collines élevées, mon troupeau est dispersé sur toutes la surfaces du pays, nul ne s’en occupe et nul ne se met à sa recherche’ »Ezéchiel 34.

A ces faux-pasteurs, j’arrache la parole.

Mais me diriez-vous, églises Catholique et Protestante, que pendant cinquante ans vous avez formé des élites pour mon cher pays le Togo. Mais en cela vous êtres encore plus blâmable. Car toute la problématique est de savoir : quels sont les résultats obtenus, quels sont vos fruits. N’est-ce pas que c’est au fruit qu’on reconnaît l’arbre ? Cinquante ans durant vous avez formé ceux qui devraient mieux pensé, élaboré et planifié l’évolution de notre pays et y contribué par des actions conséquentes. Mais où en sommes-nous ? Dans le gouffre ! De résultats on a que les espèces Edem Kodjo et Galli.

Vous autres églises « énervés » j’allais dire éveillés, vous nous diriez que c’est face à l’échec de ces deux églises que nous voulons éveiller le peuple. Mais que faites vous, vendeurs d’illusions et profiteurs de la foi aveugle, trébuchante en espèce sonnante mais tout à fait innocente de mon peuple ? Vautours autour du Togo agonisant, méfiez-vous, ne vous contentez pas trop tôt de sa mort prochaine, car de sa mort, mon pays ressuscitera fière, magnanime mais terrible comme un 14 Juillet dont les conséquences ont fait tombé des couronnes et des autels.

Mais pour qu’on n’en arrive peut-être pas là, je prends aujourd’hui pour votre conversion et votre salut la parole. Et cette parole je vous l’arrache.

  • Une nouvelle vision pour cette parole

A vous tous donc, chefs coutumiers, professeurs d’universités et intellectuels, hommes de loi et/ou de défense des droits de l’homme, journalistes, hommes politiques, hommes de religions, j’arrache la parole.

« Mais que pouvais tu faire de cette parole, petite vermine ? » me dites-vous. A cette question, je vous dis : cette parole, je vous l’arrache pour lui redonner toute sa noblesse de vérité-incarnée. Je vous l’arrache pour me mettre à son écoute et me faire son esclave. Je vous l’arrache pour me dire : « vaut mieux ta propre mort que celle de la parole-Vérité dans un château de mensonge. ».

Cette parole que je vous arrache, c’est aussi pour lui redonner sa fonction première. Elle est création, acte et donc action. L.S. Senghor dira que : « La parole, le Verbe sont l’expression par excellence  de la force, de l’être dans sa plénitude (…) elle possède une vertu magique, elle réalise la loi de participation et crée le nommé par sa vertu intrinsèque »( L’Esthétique négro-africaine, 1956, p52). Ainsi le langage chez l’être africain, ne se définit pas seulement comme logos, il devient puissance. Le Verbe est force et action autant que sens.

N’attendez donc pas que je vous fasse des discours puérils. Mes discours seront actes et créations. Vous les lirez bientôt dans mon art, celui de mon engagement.

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Commentaires

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