Grogne des étudiants au Togo: l’Université est fermée
Le gouvernement togolais, pour confirmer son incapacité à gérer les violences de ces derniers jours à l’université de Lomé, a nuitamment hier décidé « la fermeture jusqu’à nouvel ordre » de celle-ci.
En effet pendant deux jours consécutifs, les étudiants ont crié leurs mécontentements en organisant une Assemblée Générale sur l’initiative du MEET (Mouvement pour l’Émancipation des Étudiants Togolais) afin de définir des stratégies pour revendiquer leurs droits.
Deux des principales revendications des étudiants concernent le système LMD (Licence-Master-Doctorat) et l’octroi des bourses.
Concernant le système LMD, système anglo-saxon introduit à l’université de Lomé depuis 2008, les étudiants n’y sont pas fondamentalement contre. Ils déplorent et dénoncent plutôt le fait que les préalables pour une bonne application de ce système ne soient pas réunis.
L’université de Lomé compte actuellement 40 000 étudiants alors que les infrastructures existantes, en tenant compte de l’organisation et la programmation des cours, ne peut accueillir dans les normes que la moitié de cet effectif.
Il est même d’habitude que pendant un cours, sur 100 étudiants, 30 seulement peuvent trouver de places inconfortables dans la salle et que les 70 autres se débrouilleront au dehors de la salle.
Comment dans ces conditions le système LMD qui requiert entre autres une personnalisation des études créant également une relation personnalisée entre le professeur et l’étudiant peut-il prendre forme?
La deuxième principale revendication est la réintroduction des bourses. Actuellement, les étudiants ne perçoivent qu’une somme dite « aide aux étudiants » en raison de 30€ chaque deux mois.
Ce sont ces quelques revendications qui ont amené les étudiants en Assemblée Générale.
Mais comme au Togo tout rassemblement, qui n’est pas fait avec chants et danse, discours dithyrambiques et applaudissements sonores en honneur au chef de l’État, roi ad vitam du Togo, est considéré comme une rébellion, une conspiration envers la sureté de l’État, cette assemblée générale des étudiants a été réprimée pour préserver la paix nationale et l’ataraxie intellectuelle.
Cette répression a conduit comme toute attente à une rare violence sur le campus universitaire de Lomé avec plusieurs blessés et quelques arrestations.
Peut-être pour prévenir tout mouvement révolutionnaire à l’exemple des pays arabes et de notre voisin le Burkina-Faso, le gouvernement n’a trouvé que cette petite porte éphémère et dangereuse de sortie de crise en fermant l’université.
Mais d’ici-là si les revendications ne sont pas prises en compte et analysées minutieusement, afin d’apporter des solutions idoines et pérennes; et sachant que les mêmes causes produisent les mêmes effets, il ne sera pas étonnant que ces violences resurgissent à la réouverture de l’université de Lomé.
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