Manifestations des étudiants au Togo: J’ai vécu un mauvais quart d’heure
Hier j’étais présent à une manifestation de protestation des étudiants à Lomé pour être témoin oculaire et auriculaire de la répression qui depuis la semaine dernière s’abat sur eux.
Avec mon androïd, j’essayais de prendre des photos dans le tumulte lorsque je fus interpelé par deux personnes robustes, genre CIA, qui m’ont conduit devant une voiture 4×4.
Ceux qui m’ont conduit à la voiture ont dit à une autre personne visiblement le « boss »: « Il fait des films? »
Et le boss m’interpelle: « et toi, donne-moi ton appareil ». Ce que je fis sans discuter. Après un moment de tentative vaine pour entrer dans le menu galerie où se trouvent les photos, il m’ordonna de lui montrer les photos. Je crois qu’il doit être certainement analphabète en ce qui concerne les nouvelles technologies.
Je lui montrais donc la galerie des photos qu’il consulta minutieusement.
Ma seule chance, si je peux dire, a été de n’avoir pas encore pris de photos à l’instant où je fus interpellé.
Après que le « boss » n’ai rien trouvé qui pouvait me déférer à la prison civile pour passer un interrogatoire musclé, il me demanda ce que je fis précisément en cet endroit. Je crois qu’il n’est pas du genre à croire au hasard.
Je lui dis dis que je suis simplement un passant. Ce qui, sur intervention des deux autres qui m’avaient appréhendé, leur passait pour un mensonge passible de tortures.
Sans transition il me demanda si je suis étudiant. Non, lui répondis-je, car ayant déjà passé l’étape.
« Alors me dit-il, va conseiller tes frères étudiants pour qu’ils rentrent chez eux ».
Mais pour faire une telle mission à l’improviste, il faudrait qu’ils puissent me donner l’accord pour rassembler les centaines d’étudiants que la forte présence des forces de l’ordre a fait disperser dans les coins de rues.
Permission que je n’ai évidemment pas osée demander, préférant seulement prendre mon appareil et me faufiler entre la détermination des étudiants et la rage des éléments de sécurité.
Ce « mauvais » quart d’heure que j’ai passé pouvait bien être dramatique. Ai-je eu de la chance? Je ne sais pas.
Mais cette expérience me rappelle que ma volonté de communiquer dans mon pays et de montrer entre autres le vrai visage de notre régime qui sous des formes plus trompeuses et sournoises, n’attend pas pour nous servir la « Liberté », sur un plateau d’argent, reste une démarche dangereuse.
Cette expérience me rappelle celle beaucoup plus grave de ma collègue blogueuse Ariniaina« passé 24 heures au violon »
Mais comme je l’écrivais en commentant cette expérience d’Ariniaina, je le redis à l’occasion: « L’aventure que nous menons est et sera toujours jonchée d’expérience malheureuse. Mais nous devons poursuivre ce chemin, car c’est l’unique qui nous mènera vers des lendemains où l’être humain retrouvera sa valeur absolue.
Le plus fort, ce n’est pas le bourreau. Le bourreau peut nous ôter même la vie, mais il ne peut lui gouter à cette joie de combattre aux côtés de la justice, de la vérité et de l’Homme-anobli.
Ils nous font du mal comme ils le font à plusieurs personnes, mais ce que nous faisons, nous le faisons pour tous y compris pour le bien de leurs enfants. »
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Peut-être que un jour si l’un de nous est arrêté, torturé etc…, vos cris à travers le monde essayerons de nous libérer.
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