Manifestations des étudiants au Togo: J’ai vécu un mauvais quart d’heure

Article : <strong>Manifestations des étudiants au Togo: J’ai vécu un mauvais quart d’heure</strong>
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31 mai 2011

Manifestations des étudiants au Togo: J’ai vécu un mauvais quart d’heure

Hier j’étais présent à une manifestation de protestation des étudiants à Lomé pour être témoin oculaire et auriculaire de la répression qui depuis la semaine dernière s’abat sur eux.

Avec mon androïd, j’essayais de prendre des photos dans le tumulte lorsque je fus interpelé par deux personnes robustes, genre CIA, qui m’ont conduit devant une voiture 4×4.
Ceux qui m’ont conduit à la voiture ont dit à une autre personne visiblement le « boss »: « Il fait des films? »

Et le boss m’interpelle: « et toi, donne-moi ton appareil ». Ce que je fis sans discuter. Après un moment de tentative vaine pour entrer dans le menu galerie où se trouvent les photos, il m’ordonna de lui montrer les photos. Je crois qu’il doit être certainement  analphabète en ce qui concerne les nouvelles technologies.
Je lui montrais donc la galerie des photos qu’il consulta minutieusement.

Ma seule chance, si je peux dire, a été de n’avoir pas encore pris de photos à l’instant où je fus interpellé.

Après que le « boss » n’ai rien trouvé qui pouvait me déférer à la prison civile pour passer un interrogatoire musclé, il me demanda ce que je fis précisément en cet endroit. Je crois qu’il n’est pas du genre à croire au hasard.
Je lui dis dis que je suis simplement un passant. Ce qui, sur intervention des deux autres qui m’avaient appréhendé, leur passait pour un mensonge passible de tortures.

Sans transition il me demanda si je suis étudiant. Non, lui répondis-je, car ayant déjà passé l’étape.

« Alors me dit-il, va conseiller tes frères étudiants pour qu’ils rentrent chez eux ».

Mais pour faire une telle mission à l’improviste, il faudrait qu’ils puissent me donner l’accord pour rassembler les centaines d’étudiants que la forte présence des forces de l’ordre a fait disperser dans les coins de rues.
Permission que je n’ai évidemment pas osée demander, préférant seulement prendre mon appareil et me faufiler entre la détermination des étudiants et la rage des éléments de sécurité.

Ce « mauvais » quart d’heure que j’ai passé pouvait bien être dramatique. Ai-je eu de la chance? Je ne sais pas.

Mais cette expérience me rappelle que ma volonté de communiquer dans mon pays et de montrer entre autres le vrai visage de notre régime qui sous des formes plus trompeuses et sournoises, n’attend pas pour nous servir la « Liberté », sur un plateau d’argent, reste une démarche dangereuse.

Cette expérience me rappelle celle beaucoup plus grave de ma collègue blogueuse Ariniaina« passé 24 heures au violon »

Mais comme je l’écrivais en commentant cette expérience d’Ariniaina, je le redis à l’occasion: « L’aventure que nous menons est et sera toujours jonchée d’expérience malheureuse. Mais nous devons poursuivre ce chemin, car c’est l’unique qui nous mènera vers des lendemains où l’être humain retrouvera sa valeur absolue.
Le plus fort, ce n’est pas le bourreau. Le bourreau peut nous ôter même la vie, mais il ne peut lui gouter à cette joie de combattre aux côtés de la justice, de la vérité et de l’Homme-anobli.
Ils nous font du mal comme ils le font à plusieurs  personnes, mais ce que nous faisons, nous le faisons pour tous y compris pour le bien de leurs enfants
. »

Mais de votre côté, chers lecteurs, nous n’avons besoin de rien d’autre de votre part que de contribuer à cette volonté d’informer qui nous anime. Et votre contribution est simple: cliquez sur « j’aime », commenter nos articles (en apportant vos points de vue » et abonnez-vous à notre news letters sur nos pages d’accueil.

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Peut-être que un jour si l’un de nous est arrêté, torturé etc…, vos cris à travers le monde essayerons de nous libérer.

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Commentaires

Memela
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Bonjour Charles,

Ton expérience fait froid dans le dos...
Heuresement que tout c'est bien terminé pour toi.

Ca rappelle ce qu'il en coûte encore aujourd'hui au Togo d'informer les gens et à quel point il est capital ensuite de relayer ces informations!

Merci d'avoir partagé ton "aventure" et bon courage pour la suite

Togovi
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Du courage, compatriote

Ils auront beau tout faire, la vérité éclatera tot ou tard...

Wonuday
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Courage et Merci d'être pour nous qui sommes loin, nos yeux et nos oreilles

jeogo
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salut, cher compatriote, sans l'ombre d'un doute, je peux te dire que tu as eu de la chance, beaucoup.J'ai vecu une expérience pareille qui ne s'est pas aussi bien terminé( avant Mondoblog) après les élections.
Malheureusement , c'est ça le Togo; avec des forces qui sème la terreur et et qui qui se disent républicaines.Ils sont passés maîtres dans la dissimulation et le mensonge.
Mais comme tu l'as dit, ne renonce pas à ta volonté de montrer le Togo qui ne respecte pas la dignité de ses propres fils et qui bafoue la liberté.
Nous écrivons pour que notre pays change réellement et pour le mieux.
Du courage, compatriote.

Charles Lebon
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Salut mon frère,

Merci pour ton soutien. En fait nous poursuivons les mêmes objectifs. Et comme tu le dis: "Nous écrivons pour que notre pays change réellement et pour le mieux."

Amitiés

Komla Adzimahe
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Ce que je dis ici est très personnel, et j'aurai tellement aimé que tu ajoutes l'auteur de la citation en italique vers la fin de ton article.
Mais surtout, je crois que ton combat est celui de l'homme anobli, je viens moi même de commencer par utiliser un android samsung behold II; c'est dire si je me sens proche de toi et de ce que tu as ressenti quand on te l'a pris pour quelques minutes;
Maintenant la question est de savoir si les étudiants font toujours le bon choix d'aller à l'encontre des lois régissant l'organisation des AG, tout en sachant pertinemment que cela finira en gaz lacrymo? Qui les conseille, et les avise sur le comportement à tenir pour donner du sens à leurs revendications?
Sinon, leur action a servi à un gros zéro à l'heure où nous sommes. Tu connais ton pays, les meneurs de ce mouvement s'ils ne s'en repentissent pas seront filtrés à l'examen qui aura lieu quelque soit la physionomie du mouton. Il y a jamais eu d'années blanches dans notre pays. Oui, qu'ils réclament. Mais, qu'ils apprennent à réclamer à ceux qui ont la force entre leurs mains. L'opposition radicale s'est illustré en cela pendant plus d'une décennie, voyez où nous en sommes? voilà ma modeste contribution

Charles Lebon
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Salut Komlan,

La citation que j'ai mise dans l'article est de moi. Je me suis permis de me citer. Je l'ai mis en citation car c'est un commentaire que j'avais déposé à propos d'un autre article d'une blogueuse qui avait aussi connu une mésaventure.

Je crois comme vous le dites que la question de comment régler cette crise vue du côté des étudiants, peut-être diversement appréciée.

Cependant, l'Etat à l'obligation et le devoir morale d'écouter, de comprendre et de chercher des portes de sorties ensemble avec les étudiants.
A l'université, lieu par excellence du savoir, où nous avons des professeurs qulifiés en matières de sciences humaines..., il est inadmissible que ce ne soit pas la confrontation des idées, la forces des arguments, au lieu de la force, qui règle les crises.

En clà, je n'ai aucune excuse à trouver à ces professeurs et à nos dirigeants.
Mais n'oublie pas une choses: "La nuit est longue mais le jour vient" Sylvanus Olympio

SUY Kahofi
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Comment peut-on vraiment bâtir un Etat de droit dans ce genre de condition ? C’est malheureusement le cas dans tous les pays d’Afrique !

Charles Lebon
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Oui, Suy. C'est la triste réalité. État de droit nous en sommes très loin!

DELALI
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L’aventure que nous menons est et sera toujours jonchée d’expérience malheureuse. Mais nous devons poursuivre ce chemin, car c’est l’unique qui nous mènera vers des lendemains où l’être humain retrouvera sa valeur absolue.
Le plus fort, ce n’est pas le bourreau. Le bourreau peut nous ôter même la vie, mais il ne peut lui gouter à cette joie de combattre aux côtés de la justice, de la vérité et de l’Homme-anobli.
Ils nous font du mal comme ils le font à plusieurs personnes, mais ce que nous faisons, nous le faisons pour tous y compris pour le bien de leurs enfants. » - Je ne sais comment vous dire merci pour cette sortie. j'aimerais beaucoup pouvoir en discuter avec vous...envoyez moi un mail nous pourrons en discuter plus amplement et vois étudier la possibilité de vous donner plus de visibilité sur le net et autres médias alternatifs...

Sukey
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Great article, thank you again for wrtinig.

mila
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les gars courage et la lutte continue

sebou laminou
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slt et courage a tout les etudiants Togolais qui ont subit le meme sort que moi .etre detenu dans un cachot et etre interroger avec violence et maltraitance avec des sevices corporelles afin que tu dise ce que tu ne sais pas sur une manifestation que tu as assister juste pour reclamer un droit commun.Dieu merci je me suis echapper des Griffes de ces assassins.sans faire de commentaires je voudrais que vous sachiez que la democratie n'existe pas dans ce petit pays de 56 600km2;Excusez moi si je ne revelle pas mon Adresse car vous meme vous savez pour quoi.