Sénégal 2012: Wade, mon amertume amère!
En prenant mon stylo, je revoie défilées devant mes yeux les images de ce jour triomphal pour tout le Sénégal, pour toute l’Afrique.
Wade, en effet, venait d’être proclamé président élu du Sénégal. Non, c’était pas le président sortant, ce n’était pas le président-organisateur qui vient d’être ré-élu! C’était un opposant de longue date!
Ce jour, le Sénégal chantait et toute l’Afrique dansait.
Ce jour, nous Togolais, qui ployions sous une dictature quarantenaire d’Eyadema, espérant l’alternance comme les Juifs, un messie, redonnions force et vigueur à nos rêves, à nos combats.
En fait, la terre avait tremblé au Sénégal et nous espérions que ses secousses et ses répliques atteignent les fondements des autres dictatures africaines et les engouffrent.
Cette élection présidentielle du 27 février et du 19 mars 2000 qui s’est conclue par la victoire au deuxième tour de Maître Abdoulaye Wade constituait un cas salué comme tout à fait exceptionnel.
Les commentaires élogieux de la presse écrite et parlée, non seulement nationale mais étrangère, chantaient la « victoire de la démocratie » au Sénégal.
Wade devenait en effet en ce jour le symbole de la démocratie et la fierté de tous les opposants africains.
Mais aujourd’hui, ma déception envers Wade est à la mesure de l’espoir qu’il a suscite. Toutefois n’est-ce pas qu’à quelque chose, malheur est bon? La dérive de Me Wade peut être une leçon.
Mais ici la leçon à retenir voudrait que nous nous imprégnions d’une dose suffisante d’existentialisme. Si l’homme existe et se définit après, nous devons seulement prendre acte des nouveaux qui prennent le pouvoir et ne définir ce qu’ils sont qu’après exercice du pouvoir. Parfois à trop crier victoire très tôt, à trop mettre confiance en l’homme au début, on ne finit par récolter que des déceptions à la taille de Wade.
Il est tant que les peuples se réveillent et surtout les intellectuels pour que nos militantismes n’aient pas pour définition le nom d’un individu ou des démonstrations tordues, dithyrambiques et partisanes.
Et ceux qui soutiennent le vieux Wade, ont certainement le diable dans leurs caleçons, pour vouloir construire un pays avec un nonagénaire.
J’ai trouvé un peu curieux et rigolo cette louange que l’hebdomadaire en ligne le Messager a consacré à Me Wade:
“Nous avons tous et toutes besoin, sans conteste, d’un homme ou d’une femme aux mains expertes, grâce à qui le gouvernail ne tremblera pas, capable de dépassement, un homme ou une femme de paix, de dialogue, connaissant bien la valeur de la concorde nationale et qui nous mènera vers des lendemains meilleurs pour tous. En tout cas, la vie politique, le combat héroïque, le bilan inégalable en dix (10) ans et le parcours historique de notre charismatique et Illustre Candidat, le Grand Bâtisseur, l’infatigable pacificateur, Maître Abdoulaye WADE, accompagneront nos compatriotes dans leur recherche du meilleur profil, entre le Concret et le saut dans l’inconnu, le rêve et la réalité, la Paix et l’inutile confrontation.“
Mais c’est à croire qu’au pays de la Teranga, il n’y a plus personne, aucun digne fils ou fille du Sénégal, à part Wade, qui puisse mieux gouverner? Donc Après Wade, nous devons certainement attendre le chaos? Non, chers griots à la solde de Wade et de ses sbires, arrêtez l’idiotie et faisons place à la réflexion.
La leçon de Wade, c’est que nous devons renouveler notre pensée politique et commencer sérieusement par rêver pour notre continent.
Lorsque Me Wade déclare ceci au service français de la voix de Amérique reproduit par Jeune Afrique: « J’ai le droit d’être président. Je crois qu’il y a des gens qui réclament la démocratie et qui ne sont pas des démocrates. Il faut laisser la voix au peuple sénégalais » en ajoutant « Que chacun se présente et que le jeu soit ouvert, qu’il n’y ait pas de tricherie« , il ne fait que souligner sa petitesse d’esprit commun à la plupart des intellectuels et hommes politiques africains.
Ce que nous voulons pour notre continent, ce n’est pas le formalisme mais la sagesse dans le formalisme. J’entends ici par formalisme l’application stricto sensu de toutes les règles qui régissent l’organisation et la gouvernance d’un peuple.
De ce fait, la candidature de Wade est en soi un péché contre la jeunesse et une insulte à la capacité des autres hauts dirigeants de son propre parti à lui succéder.
Je ne demande pas à Me Wade d’être Nelson Mandela, mais d’être plus que Nelson Mandela. Et cela, il ne l’a pas compris. Il préfère être petit.
Mon objectif n’est pas de revenir sur les critiques contre sa candidature. Mais je crois que cette candidature après celle avortée de son fils Karim, les arguments farfelus et fallacieux d’ici et là de ses druides politiques, ressemblent beaucoup plus à une gaminerie qu’à des agissements responsables d’un digne vieux Africains parvenu à l’âge de la sagesse.
Il est vrai que je ne peux pas demander à autrui d’être ce qu’il n’est pas, surtout lorsque c’est un opposant qui longtemps a lézarder les murs présidentiels avant de conquérir le pouvoir. Mais de grâce que cet autrui arrête de foutre le bordel dans notre cite commune et de servir la honte sur la place publique.
Toutefois en considérant ces propres déclarations précitées, le peuple sénégalais à le devoir et la responsabilité de donner une bonne leçon à Wade et à tous les diablotins et marabouts qui l’entourent. En ce sens, je dis à l’opposition sénégalaise qu’il est encore temps de trouver en son sein les meilleures stratégies pour aider le peuple à ce résultat.
En attendant Fevrier 2012, mobilisons-nous avec un seul mot d’orde: TOUS CONTRE WADE!
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