Ces Africains, amateurs des discours impérialistes !

Article : Ces Africains, amateurs des discours impérialistes !
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15 octobre 2012

Ces Africains, amateurs des discours impérialistes !

Photo senenews.com

Ils etaient encore nombreux ces nègres à attendre de leur empereur, le Président de la France, des mots magiques qui feront instantanément de l’Afrique un continent respectable et de l’Africain un être qui a une histoire. Ces nègres pour les pluparts intellectuelles paresseux aimant du vin Bordeaux et du camembert, dirigeants politiques qui ont sacrifié sur l’autel de la francophonie et de leur soif du pouvoir,  l’audace de dessiner un projet africain par soi-même, entendent que cet empereur, président de la France, vienne leur dire l’Afrique.

Dakar semble donc être devenu la chaire par laquelle le maitre-France donne des cours magistraux à son élève-esclave l’Afrique. De de Gaulle à Hollande en passant par Sarkozy, les discours se suivent et se ressemblent tant par la forme que dans le fond. Si Sarkozy affirmait il y a cinq ans que « Le drame de l’Afrique, c’est que l’Homme africain n’est pas assez entré dans l’Histoire.», sons successeur lui répond que « Par deux fois au cours du siècle dernier, le sang africain a été versé pour la liberté du monde ». Mais au fond et en réalité, les deux empereurs sont sur la même longueur d’onde : « s’arroger le droit de dire chez nous et dans leur langue si nous sommes du non-être ou de l’être ».

Cette arrogance est curieusement la chose la mieux partagée par ces nègres qui attendent ces discours comme une terre aride espère la pluie. Ainsi aux lendemains de ces discours, comme des enfants, ils pleurnichent ou ricanent  à travers de long éditoriaux ou dans des interviews sur les télévisions et radios occidentales si ces empereurs leur disent : « vous n’avez pas d’histoires », ou « L’Afrique est la jeunesse du monde. »

La réalité de ces discours, pour mieux la saisir, est dans la forme. Nous assistons dans ces discours  à un « Je-sujet » qui s’adresse à un « Vous-objet ». Ce « Je » reste acteur, initiateur et se donne la largesse même d’une fausse réserve : « Je ne suis pas venu en Afrique pour imposer un exemple, ni pour délivrer des leçons de morale. » François Hollande, discours de Dakar.

Et lorsque l’Afrique ou les Africains sont évoqués par les empereurs c’est pour dire selon eux ce qu’ils représentent ou bien ce qu’ils doivent encore faire :

« J’ai une conviction profonde : si l’Afrique, berceau de l’humanité, parvient à faire vivre pleinement la démocratie, partout et pour tous, si elle réussit à surmonter les démons de la division, alors, elle sera le continent où se jouera l’avenir de la planète. » François Hollande à Dakar

« Jeunes d’Afrique, vous êtes les héritiers des plus vieilles traditions africaines et vous êtes les héritiers de tout ce que l’Occident a déposé dans le cœur et dans l’âme de l’Afrique. » Nicolas Sarkozy à Dakar.

La forme de ces discours témoigne donc du rapport asymétrique qui existe entre l’ex et néo-colonisateur la France et ces Noirs qui s’agglutinent pour écouter ces discours. Nous nous retrouvons ainsi quelque soit le contenu de ces discours devant un « Francocentrisme ».

Loin de critiquer ces discours des Présidents de la France qui se suivent et se ressemblent à chaque quinquennat, c’est cette absurdité des Africains à attendre que le changement, la relève de l’Afrique soit une volonté des dirigeants du Nord que je mets ici en question : comment se fait-il qu’après plus de 50 ans d’indépendance, nous attendions encore le fiat de la France pour avancer, pour se construire, pour s’auto-determiner ? Et chose absurde et naïve, l’africain pense que sa néo-indépendance se trouverait dans un quelconque discours de la France ou grâce à la mandature d’un Président Noir-Américain. Nous semblons ignorer que les relations internationales sont tout sauf une plate forme d’angélisme.

Au lieu de former un bloc solide panafricain avec un projet de gouvernance politico-économique issu de la révision radicale des concepts hérites des colons et de la promotion de la recherche linguistique et cultuelle propres à l’Afrique, l’africain veut d’abord écouter des discours mielleuses des puissances occidentales qui lui conférerait une place autour de la table des vautours. En fait de place, il n’en aura pas : il sera toujours sur la table en tant que repas si et si.

Cet attentisme des Africains vis-à-vis des puissances occidentales est tout simplement une trahison de la classe dirigeante africaine à l’égard de nous, jeunes Africains qui, parce que nous rêvons d’une Afrique nouvelle et concurrente sur tous les plans, continuons de nous former dans des conditions difficiles.

Que font-ils ces dirigeants Africains qui se retrouvent au sein de l’Union Africaine, de la CEDEAO et autres ? Que font-ils sinon se prêter aux jeux des lobbyings occidentaux qui leur dictent encore les positions à adopter ? Nous sommes, nous jeunes Africains devant des dirigeants farfelus, avec une paresse intellectuelle infranchissable dépourvue de tout projet révolutionnaire de l’Afrique face au reste du monde. Comme des égarés, ils cherchent un messie à tout vent et semblent se frotter les mains avec tout nouveau pilleur : la Chine.

Ces dirigeants africains n’ont qu’un seul souci : comment sauvegarder à tout prix le pouvoir ? Aussi sont-ils prêts à sacrifier toute leurs ressources nationales à cette fin.

25 ans après le discours de Thomas Sankara, nos dirigeants actuels n’y ont rien appris et compris. Ce visionnaire concluait son discours le 29 Juillet 1987  à Addis-Abeba par ces mots, quelques mois avant sa mort : « Les gourdins et les coutelas que nous achetons sont inutiles. Faisons en sorte également que le marché africain soit le marché des Africains : produire en Afrique, transformer en Afrique et consommer en Afrique. Produisons ce dont nous avons besoin et consommons ce que nous produisons au lieu de l’importer. Le Burkina Faso est venu vous exposer ici la cotonnade, produite au Burkina Faso, tissée au Burkina Faso, cousue au Burkina Faso pour habiller les Burkinabé. Ma délégation et moi-même, nous sommes habillés par nos tisserands, nos paysans. Il n’y a pas un seul fil qui vienne de l’Europe ou de l’Amérique. Je ne fais pas un défilé de mode mais je voudrais simplement dire que nous devons accepter de vivre africain. C’est la seule façon de vivre libre et de vivre digne ».

 Mais la triste réalité est encore sous nos yeux, nos dirigeants préfèrent la vassalité que l’auto-détermination courageuse. La France-Afrique reste beaucoup plus un vœu des africains que celui de la France.

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