Ce qui tuera Dieu
L’idée de Dieu ne prend racine que là où l’homme se trouve impuissant face à sa misère existentielle.
Sous nos cieux certains handicapés des membres inférieurs, par exemple, chérissent l’idée que Jésus peut encore dire un mot et ils vont pouvoir sauter sur leurs jambes comme une gazelle. Ainsi passent-ils des heures et des heures à l’église, procurant au prêtre ou au pasteur le confort avec leurs économies de misère. Mais sous d’autres cieux plus besoin d’un miracle de Jésus ! La science fait déjà des miracles! Des prothèses aujourd’hui, par exemple, aident les handicapés à mieux courir comme jamais sur leurs jambes ! La science et la technologie ont ainsi rendu la joie à certains handicapés qui n’ont pas eu à attendre un Dieu qui n’a fait marcher un handicapé qu’une seule fois. Même là il n’y aucune preuve. (Matthieu 9: 2-8; Marc 2: 1-12; Luc 5: 17-26).
Ainsi là où la science et la technologie font un pas, l’idée de Dieu recule de deux pas. De ceci résultent deux choses:
1- L’homme en réalité n’a jamais cherché Dieu. Ce fut toujours une recherche utilitariste; c’est une recherche d’un » malade de son existence » qui cherche des échappatoires. De tout temps l’homme a utilisé Dieu pour pallier ses propres angoisses métaphysiques. Nietzsche pense même que c’est cet état de l’homme malade de lui-même qui aurait rendu le christianisme – j’ajouterai toutes les religions- puissant: » Le christianisme s’est servi de l’extraordinaire désir de suicide qui régnait au moment de sa formation pour en faire un levier de sa puissance » Nietzsche, Le Gai savoir (1882 §131). On comprend alors mieux le rédacteur de l’évangile de Matthieu lorsqu’il cite au passage, en parlant des multiples guérisons de Jésus, le prophète Isaïe: » Il a pris nos infirmités et s’est chargé de nos maladies » (Matthieu 8: 16). Ce que l’homme veut n’est rien d’autre qu’un MEDECIN pas un Dieu. C’est pourquoi le Dieu des religions n’est en réalité qu’un concept d’un Dieu-médecin.
2- Plus le développement sera une réalité, plus les églises deviendront vides, parce que la science et la technologie donneront à l’homme la « plupart » des réponses et dans le temps, que l’homme passe toute sa vie à chercher avec supplication et avilissement de soi dans les églises. Avec la science et la technologie, Dieu deviendra inutile, dérisoire et trop petit pour l’homme. Même si la science et la technologie ne répondront pas à toutes les attentes de l’homme et créeront aussi d’autres problèmes, les champs d’intervention de Dieu se retrouveront tout de même assez réduits.
Ce qui tuera donc Dieu, plus précisément » l’idée de Dieu « , ce sera le progrès, le développement avec les outils de la science et de la technologie. Mais je crains que cet horizon, sans le Dieu des religions, ne soit qu’un simple changement de forme : de la domination d’un Dieu-Créateur à la domination de la Science-Dieu.
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