Sarkozygate et «boules puantes» à l’UMP : quel rapport avec la démocratie en Afrique?

Article : Sarkozygate et «boules puantes» à l’UMP : quel rapport avec la démocratie en Afrique?
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16 juillet 2014

Sarkozygate et «boules puantes» à l’UMP : quel rapport avec la démocratie en Afrique?

Crédit photo SIPA Press
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Le mot « racaille » change de propriétaire

Aujourd’hui en France on peut désigner de façon distincte et sans se tromper qui est une bande de racailles entre d’une part les jeunes des banlieues et d’autre part Sarkozy et les sarkozystes. Désormais il ne suffirait plus d’être jeune, habitant un quartier de la banlieue pour se faire traiter de racaille. Pour être qualifié de racaille, il en faut plus : être politicien en costume cravate; membre influent d’un parti sauveur des Français; lézarder dans des hôtels de luxe pendant les vacances; faire des tours en jet privé. Voici donc une triste nouvelle pour les jeunes des banlieues. En plus d’être dépossédés de leur dignité par les piètres politicards, ils se voient encore choper leur nom « racaille » par ces politiciens.

En effet, voyez-vous, les politiciens français viennent de voler aux jeunes des banlieues ce nom répugnant pour doigter cette frange sociale du haut de leur perchoir politicien. Vous rappelez-vous de ce mot dans la bouche du sieur Sarkozy en 2005 lors de ses tournées en banlieue… hein? Oh! Comme la roue tourne. Le voici devenu RACAILLE, Racaille d’Etat pour employer l’expression du député socialiste Richard Ferrand . Son parti l’UMP est devenu une « racaillerie ». À sa tête, Mr Sarkozy trône en chef. La crise à l’UMP nous le prouve.

Cette crise qui secoue en effet le premier parti de l’opposition en France, l’UMP, sous l’ère Sarkozy, est en réalité un problème d’éthique politique qui résulte d’un rapport malsain de ses dirigeants avec l’argent. De Sarkozy aux autres dirigeants de l’UMP, ce qu’on constate est une suite d’accusations relatives à des espèces sonnantes et trébuchantes.

Sarkozy, l’UMP et l’Argent

Le sieur Sarkozy est mis en examen principalement pour corruption active. Il aurait promis au premier avocat général près de la cour de cassation, Gilbert Azibert, désireux d’obtenir un poste monégasque, d’intervenir en sa faveur. En retour Mr. Sarkozy attendait que celui-ci lui procure des informations sur le dossier Bettencourt le concernant. Le dossier Bettencourt, rappelons-le, est une affaire politico-financière révélant un possible financement illégal de la campagne présidentielle de 2007 de Nicolas Sarkozy.Deboirs de Sarkozy

Au cœur des déboires de Sarkozy se trouve donc la campagne présidentielle française; ce moment clé où pour devenir président, tu dois convaincre la foule qu’elle est malade et que sans toi, elle ne peut guérir.

En plus donc d’un possible financement illégal par la richissime Bettencourt, vient s’ajouter les soupçons d’un autre financement par le Guide libyen Mouammar Kadhafi, paix à son âme. On se demande si la rapidité avec laquelle Sarkozy avait contribué à l’assassinat du Guide libyen n’était pas plutôt une stratégie assez subtile pour effacer toute preuve accablante de ce financement électoral. Mais pauvres de nous, avec la propagande de leurs médias, ils ont fait croire au monde entier qu’ils avaient déclaré la guerre à Kadhafi dans un seul et unique but sacro-saint humanitaire : protéger la population libyenne.

Aux dossiers Bettencourt et Kadhafi s’ajoute une autre affaire à propos des comptes de campagne : l’affaire Bygmalion. Il s’agit ici d’une double comptabilité mise en place par la société Bygmalion et l’UMP.  Au total 17 millions d’euros de dépassements de frais de campagne de Nicolas Sarkozy auraient été masqués par cette société en complicité avec l’UMP. Notons que Bygmalion, société en communication, est créée en 2008 par deux proches de Jean-François Copé.

À ces affaires dignes de banditisme s’accumulent d’autres. Mais notons simplement à partir de ces exemples qu’autour de la campagne présidentielle d’un candidat au poste de présidence de la République française se greffent plusieurs scandales notamment le financement illégal par Bettencourt, première actionnaire du groupe L’Oréal et l’une des trois premières fortunes de France; le financement illégal par Kadhafi, un chef d’Etat africain jadis infréquentable et condamné de dictateur par les grandes démocraties occidentales; et la fraude de double comptabilité. Nous sommes vraisemblablement devant un scénario digne de ce qui se passe sous les cocotiers dans certains pays d’Afrique comme le Togo, le Cameroun, le Burkina Faso, ou encore le Congo-Brazzaville.

Des boules puantes à l’UMP

UmP

Au scandale relatif à la campagne de Sarkozy s’ajoute la gestion même de son parti l’UMP. France24, à propos des scandales financiers mis à jour dans la gestion de l’UMP, titrait : « Boulepuante ». Que sont donc ces boules puantes et nauséabondes ? Sommairement les voici :

  • 24 000 euros de billets d’avion payés par l’UMP à la femme de Jean-François Copé.

  • Geoffroy Didier, sarkozyste, empochait 6 000 euros par mois en tant que collaborateur de Brice Hortefeux.

  • Factures téléphoniques astronomiques de Rachida Dati à hauteur de 10 000 euros par an payées aux frais du parti.

Ces boules puantes et nauséabondes ne sont peut-être que la partie visible de l’iceberg. Les jours à venir seront certainement plus riches en révélations si la guéguerre continue entre les responsables de ce parti. Et peut-être que le Parti socialiste commencera lui aussi à sentir, et sentir aussi mauvais que son compère l’UMP.

La démocratie africaine sacrifiée sur les autels des intérêts occidentaux

SARKADHAFI-ELYSEE

L’affaire Sarkozy et la gestion financière qui éclabousse l’UMP, comme nous venons de les énumérer, nous prouvent à suffisance que ses dirigeants et les dirigeants français en général ont un problème malsain, douteux et mafieux avec l’argent. La part qui me concerne en tant qu’Africain et sur laquelle j’aimerais insister dans cette magouille politico-financière est le financement depuis belle lurette des campagnes présidentielles françaises par nos dictateurs africains et ce qui en résulte pour notre continent.

Quelle crédibilité accorder à la France (et en général aux Occidentaux) lorsqu’elle se proclame chantre de la démocratie et du respect des droits de l’homme en Afrique, et qu’au même moment, ses dirigeants entretiennent des rapports financiers personnels douteux avec ceux qui bafouent la démocratie sur notre continent ? Kadhafi, pour eux, était infréquentable. Mais lorsqu’il a accepté financer M. Sarkozy et donner quelques mannes aux entreprises françaises, il devient fréquentable. Et on ferme les yeux sur les droits de l’homme. Mugabe bafoue les droits de l’homme dans son pays et porte un gant de fer dans ces rapports avec les intérêts occidentaux. Il est un paria. Mais il suffit que Mugabe accepte de brader son pays à ces Occidentaux pour que ces derniers oublient les questions de droits de l’homme pour lui dresser sans honte des tapis rouges. Il est donc clair que ce que veulent les Occidentaux, ce n’est pas la démocratie ni le respect des droits de l’homme sur le continent, mais bien leurs intérêts personnels et le favoritisme de leurs entreprises sur le continent. Actuellement un audit des comptes de l’UMP révèle une dette abyssale de 74 millions d’euros. L’UMP à donc besoin de plusieurs millions d’euros. Pensez-vous qu’il osera hausser le ton contre Blaise Compaoré, Faure Gnassingbé, Paul Biya, ou encore Denis Sassou N’Guesso qui veulent pourrir au pouvoir, si ceux-ci lui procurent la somme dont-il a besoin? Nous sommes ainsi devant une France politique, une Europe politique prostituée qui fredonne au bout des lèvres les valeurs démocratiques tout en passant en dessous de la table des valises et des contrats désavantageux chez nos dictateurs. Les dictateurs africains comprennent bien le jeu et se moquent des processus électoraux. Ils savent qu’après les élections, les observateurs européens n’auront qu’un seul mot : « Les irrégularités observées lors des élections ne sont pas de nature à remettre en cause les résultats ». Ils savent aussi qu’après les élections frauduleuses et contestées, les dirigeants européens n’auront qu’un seul mot : « Nous appelons à l’apaisement et au dialogue ». Ainsi pour devenir président d’une nation républicaine et démocratique, on accepte d’être financé par des régimes dictatoriaux d’Afrique. C’est ubuesque.

À mes frères et sœurs africains je vous redis l’une de mes convictions : l’Europe politique n’est pas et ne sera jamais un instrument qui nous aidera à construire l’Afrique libre et développée à laquelle nous rêvons. Nous devons nous organiser à l’échelle du continent pour être une alternative panafricaine de pression interne et de changement positif sur notre continent sans une main tendue quelconque à l’Occident.

A mes amis français, il faut un sursaut culturel pour sauver la France des valeurs des mains des politiciens véreux. Car cette France, cette belle Dame libre, tombe dans les carcans lorsqu’elle se laisse baiser par la racaille d’Etat.

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Commentaires

Djino
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A part le Panafricanisme, tout me va ...