Malaise dans la cité: revue de l’actualité togolaise

Article : Malaise dans la cité: revue de l’actualité togolaise
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20 mai 2012

Malaise dans la cité: revue de l’actualité togolaise

Proclamation de foi au monument de l'independance

Tandis qu’au Sénégal, le peuple passait outre les valeurs traditionnelles africaines en arrachant le tabouret, ce précieux tabouret présidentiel, au dessus duquel était assis le vieux sage Wage, tandis que le peuple francais nous démontrait que même avec les urnes, son âme est profondement révolutionnaire, tandis qu’au Mali et en Guinée-Bisseau, les armées africaines nous confirmaient qu’ils sont des handicaps pour l’expression souveraine des peuples, le Togo, petit pays mais grand par ses hommes, ne cesse de souffrir d’un malaise essentiellement dû à sa situation socio-politique.
Pour vous permettre de faire une idée sur la situation, je vous présente par cet article quelques évènements clés de l’actualité de ces derniers mois qui décrivent mieux la situation délétère au Togo.

 

  • Dissolution du RPT, et création de l’UNIR:

Le Rassemblement du Peuple Togolais (RPT) qui a vu le jour un 30 Aout 1969 sous le général Gnassingbe, s’est eteint ce 14 Avril 2012 sous l’initiative de l’actuel chef de l’Etat et fils du général, Faure Gnasingbe. Ancien parti unique, le RPT a conservé le pouvoir depuis l’instauration du multipartisme en 1991. Il a porté Faure Gnagssingbé à la présidence deux fois successives lors des élections de 2005 et 2010 qui ont été entachées de violences et de fraudes massives.
Cette mort du RPT a aussitot enfanté un nouveau parti le même jour en présence de Faure Gnassingbe, l’Union pour la république, (l’Unir), dont il est le président provisoire.
Entre une volonté de rénover son entourage politique et l’attente des Togolais, cette manoeuvre politicienne n’augure rien de sain pour le peuple, sinon la poursuite de la confiscation de son pouvoir.
             

    •  Création du CST (Collectif « Sauvons le Togo »)


Un collectif rassemblant plusieurs forces démocratiques a été créé ce 4 Avril 2012 à Lomé. Dénommée « Collectif Sauvons le Togo », il rassemble des partis politiques notemment le Frac et l’ANC, des associations de la société civile et des organisations de défense des droits de l’homme (ODDH) et se donne pour mission de parvenir, dans une dynamique unitaire d’actions, à un changement radical de la gouvernance actuelle du Togo.

  • Profession de foi autour du monument d’indépendance

…Nous togolais, rassemblés en ce jour mémorable au pied du monument de l’indépendance,

Lieu symbolique du sacrifice de la lutte du peuple togolais pour sa liberté,

Nous nous engageons de nouveau comme nos Aïeux il y a 52 ans à libérer notre cher pays le Togo, de la tyrannie dans laquelle certains togolais l’ont….

Nous jurons, par cet engagement citoyen, dans la dignité, fidélité au serment de nos aïeux: « Tout sacrifier pour que vive et prospère le Togo, notre Togo, l’or de l’humanité ».

Cet extrait de la profession de la population togolaise sur l’initiative du CST ce 05 Mai au monument de l’indépendance, montre la soif d’alternance au pouvoir et le changement auxquels aspire le peuple togolais.

Rapellons que cette initiative avait été prevue pour le 27 Avril dernier, jour de la célébration de l’independance. Mais elle avait été violemment empêchée par les forces de l’ordre. C’est dans cette foulée de distribution de coup de matraques et de grenades lacrymogènes le journaliste Noel Kokou Tadegnon avait été agressé par des éléments des forces de l’ordre.

 

            

 

  • Des réformes politiques dans l’impasse

Reclamées par les forces de l’opposition, acceptées dans le principe et signées par le pouvoir dans le cadre du dialogue inter-togolais qui s’est déroulé sous le patronage du président Burkina-Faso Blaise Compaoré, les réformes institutionnelles et constitutionnelles prévues dans l’accord politique global (APG) signé en 2006 n’ont pas bougées d’un iota. Même la volonté cynique du président Faure de ressusciter le Cadre Permanent de Dialogue et de Concertation (CPDC) rénové, peuplé de plusieurs partis satellites n’y ont rien fait. Depuis son discours de la saint Sylvestre 2011, rien n’est fait. On est plutot dans du dilatoire.

Jean-Pierre Fabre, leader du principal parti de l’opposition l’ANC ne cesse de le rappeler: « les Togolais n’accepteront plus jamais que leur vote ne soit volé et que si les réformes ne sont pas entreprises, il n’y aura plus d’élections ».

Pour l’opposition, on est d’accord pour opérer des ré formes, mais pas à n’importe quel prix et surtout pas sans un large concensus.

C’est dans cette optique et dans le cadre des prochaines élections législatives qu’un projet de loi portant code électoral et un projet de loi organique fixant le nombre de députés à l’Assemblée nationale, adoptés en conseil des ministres respectivement les 18 et 30 avril 2012 fait actuellemnt l’objet de vives critiques de la part de la classe politiques mais aussi de la societe civile.

 Le CST met déjà en garde le gouvernement contre tout passage en force : “Le Collectif « SAUVONS LE TOGO » rendra personnellement responsable le Chef de l’Etat des conséquences qui découleront de ce coup de force électoral. Il invite par conséquent le Gouvernement à la raison et à la sagesse, car le peuple togolais aspire à la paix.” et exige “le retrait immédiat et sans condition de ces deux (02) projets de loi de l’Assemblée Nationale” a-t-il déclare dans un communique ce 14 mai.

Le CAR (Comite d’Action pour le Renouve) dirigé par Me Paul Dodji Apevon, a quant à lui  mobilisé ce vendredi 18 mai les population de la préfecture de Yoto, à quelques 65 km au sud-est de Lomé contre ce qu’il appelle un « traitement injuste dont sont victimes les préfectures d’Amou et de Yoto dans le nouveau découpage électoral ».

  •  Décès répétitifs dans le milieu carcéral

 

De janvier 2012 à nos jour, au moins 17 décès à la prison civile de Lomé, révèle le quotidien togolais Liberté  avec à sa une une photo insoutenable montrant les conditions inhumaines dans lesquelles se trouvent les détenus.

Dans un communiqué rendu public ce 15 Mai, la Ligue Togolaise des Droits de l’Hommerappelle que les statistiques relevées au 12 décembre 2011, date à laquelle elle (LTDH) a rendu public son rapport thématique, sont très inquiétantes: la prison civile de Vogan est surpeuplée à 135% ; celle de Dapaong est surpeuplée à 190% ; celle d’Aného à 207% ; celle d’Atakpamé à 220% ; celle de Notsé à 269% ; celle de Lomé à 295%, celle de Tsévié bas le record avec une surpopulation excédentaire de 407%. Ainsi La LTDH “rappelle avec insistance le droit de toute personne, soumise à une forme quelconque de détention ou d’emprisonnement, d’être traitée avec humanité et avec le respect de la dignité inhérente à sa nature d’être humain.” poursuit-elle dans ce même communiqué.

 

Tous ces évènements qui ne sont qu’un échantillon de l’actualité togolaise,  sont des signes de l’échec d’une gestion quarentenaire et caduque  du bien commun qu’est le Togo et présage des lendemains incertains pour notre pays si Faure et ses druides politiques ne prennent pas la mesure de la soif du changement et de l’alternance qui animent le peuple togolais.

Pour l’heure, et comme je l’avait déjà précise dans un autre article, l’avenir de mon pays me semble de plus en plus sombre. Mais le père de l’independance et de la nation togolaise, Sylvanus Olympio, comme par prophétisme, nous a laissé cette phrase d’espoir à la veille de notre indépendance :

 

« Sentinelle ! Que dis-tu de la nuit ?

La nuit est longue mais le jour vient ! »

En tant que fils de ce beau pays, nous devons lutter et résister afin que l’espoir renaisse dans notre cité.

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