Togo : banditisme au sommet de l’Etat
Aux lendemains des incendies qui ont ravagés les marchés de Kara et de Lomé, le régime de Faure Gnassingbé s’est lancé dans une véritable chasse aux opposants. Arrestations, intimidations, harcèlements, menaces : voilà ce qui peut t’arriver au Togo si tu es un opposant récalcitrant au régime de Faure Gnassingbé.
48 heures après l’incendie du marché de Lomé, M. Gérard ADJA, premier vice président de la formation politique OBUTS, à sa sortie de la messe, fut arrêté arbitrairement par la gendarmerie. Les deux avocats, Me Jil Benoît AFANGBEDJI et Me Raphaël KPANDE-ADZARE défenseurs des droits de l’homme, que le Collectifs Sauvons le Togo (CST) a envoyé à la gendarmerie pour l’assister, se verront à leur tour mis en garde à vue malgré l’intervention du bâtonnier de l’Ordre des avocats du Togo.
Le 16 Janvier 2013, soit trois jours après l’arrestation de son premier vice-président, c’est à celle de son président national que la formation politique de l’opposition, l’Organisation pour Bâtir dans l’Union un Togo Solidaire (OBUTS) doit s’attendre. Ce dernier étant un ex-président de l’Assemblée Nationale, c’est le chef de l’Etat Faure Gnassingbé qui en personne, a demandé à cette assemblée moutonnière de procéder à la levée de son immunité parlementaire. Ceci fut fait tout en prenant soin de violer la Constitution, qui prévoit dans ce cas la constitution d’une Commission spéciale chargée d’examiner le dossier et l’audition de l’intéressé devant l’Assemblée.
Une heure plus tard, les alentours de la résidence d’Agbéyomé Kodjo, président de l’OBUTS, seront bouclés avec des chars d’assaut par des éléments de la SRI dirigé par le Capitaine Akakpo. Il sera conduit sous grande escorte à la Gendarmerie Nationale. Les trois enfants dont deux filles qui ont suivi leur père, seront pris à partie par un groupe de gendarmes, battus devant leur père et jetés à la devanture de la gendarmerie sur ordre du capitaine Akakpo.
D’autres membres des autres partis politiques de l’opposition, notamment celles de l’ANC de Jean-Pierre Fabre, furent aussi arrêtés dans des conditions similaires. Mme Suzanne Kafui Nukafu Dogbevi, membre de l’ANC et Jean Eklou, président de la jeunesse de l’ANC furent également arrêtés et déférés à la prison civile de Lomé. Et la liste ne cesse de s’allonger.
Et ils sont nombreux ces opposants qui croupissent aujourd’hui à la prison civile de Lomé, tout simplement parce que voyant de loin la volonté hideuse de Faure Gnassingbé de se maintenir à vie au pouvoir, ils luttent pour qu’au moins les conditions de transparences soient réunies pour éviter les fraudes et de facto le cycle d’élection-contestation-violence-dialogue.
Tout est donc bien orchestré pour imputer la responsabilité des incendies aux membres du Collectif Sauvons le Togo. Le Colonel Yark a ainsi fait une mise en scène à travers les medias en faisant témoigner des jeunes qui mettaient directement en cause les responsables du Collectif Sauvons le Togo. Mais comble de l’absurde, l’un des jeunes que vous voyez ci-dessous dans cette vidéo se nommant Mohammed, imitant mal l’accent wolof et de nationalité sénégalaise, est bien un Togolais dont le témoignage a surpris sa famille résidant ici à Lomé.
Le déroulement de cette enquête sur les marchés au Togo, ressemble beaucoup plus à film de gangsters qu’à une quête responsable, sereine et sérieuse de la vérité.
A ces scène de désolation politicienne, s’ajoute l’introduction par la Haute autorité de l’audiovisuel et de la communication (HAAC) à la Commission des Lois de l’Assemblée nationale un projet de modification de sa Loi organique. Objectif : s’octroyer des pouvoirs pour mieux réprimer la presse.
Comme le démontre cette vidéo ci-dessous dans laquelle le secrétaire général de l’Alliance des Démocrates pour le Développement Intégrale (ADDI), Alphonse Kpogo, fut trainé par terre comme un vulgaire bandit, les habits déchirés par les gendarmes, il semble de plus en plus qu’on est plutôt au Togo dans du vrai banditisme organisé depuis le sommet de l’Etat.
Une fois encore l’espoir que s’ouvre un lendemain meilleur pour mon cher pays n’a jamais été aussi hypothéqué.
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