France/Mariage Pour Tous : L’enjeu d’une re-définition de l’identité sexuelle

Avant tout propos sur le « mariage pour tous » il me semble nécessaire de clarifier ma position par rapport à ce débat. Pour le moment, je ne me suis pas encore fait une idée sur la question du mariage ouvert aux personnes de même sexe. Je réfléchis encore à la question et je demande à Dieu créateur de tout sexe et de toute sexualité, de m’éclairer tout en m’éloignant de tout dogmatisme. Je ne suis donc ni à Gauche ni à Droite, encore moins Droite-Gauche ou Gauche-Droite à l’étape actuelle. Je ne suis même pas Centriste ou Frontiste. En fait, c’est une évidence, puisque je suis africain ! Bon…pas de polémique!
De ce fait, ce présent article ne peut donc faire l’objet d’une revendication d’un camp quelconque. On ne saurait y voir ou en déduire des conclusions partisanes. Je n’écris pas pour des tiroirs catégoriques prêts à la croisade culturelle.
Ma préoccupation actuelle est simple : saisir dans cette loi sur le mariage pour tous en France ce qui est en mutation dans le processus de définition des questions du genre et qui tend à ériger l’aspect psychologique comme l’élément absolu dans la définition de l’être-sexué.
Avec ce projet de loi, « Qui est femme ou qui est homme ? » ne semble plus se prêter à une définition biologique simpliste ou ontologique. Sommes-nous devant une révolution psychologique ou l’achèvement d’une révolution psychologique sur la métaphysique en ce qui concerne la connaissance de l’homme ?
Dans une vidéo de campagne du PS, François Hollande disait :« J’ouvrirais le droit du mariage pour tous les couples » . Après une année de son premier mandat, malgré la bigoterie d’une frange importante des Français qui manifestaient dans la rue, il a tenu parole : adoptée définitivement par l’Assemblée nationale le 23 avril, validée par le Conseil Constitutionnel le 17 mai, la loi sur la mariage pour tous a été promulguée et publiée dans le journal officiel de la République française le 18 mai 2013. Malgré les contestations, cette loi fait désormais parti de l’histoire de la France, la fille ainée de l’Eglise.
Mais d’abord que stipule cette loi que Christiane Taubira, la ministre de la justice, qualifie d’ « une reforme de la civilisation »?
- Quelques articles de la loi sur le mariage pour tous
Je cite ici quelques articles basiques du de la Loi ouvrant le mariage aux couples de personnes de même sexe votée le 23 avril 2013 et en cours d’examen au Conseil constitutionnel. Ils nous seront utiles dans notre parcours
I. – Le chapitre Ier du titre V du livre Ier du code civil est ainsi modifié :
1° Il est inséré au début de ce chapitre un article 143 ainsi rédigé :
« Art. 143. – Le mariage est contracté par deux personnes de sexe différent ou de même sexe. » ;
Chapitre III
- Dispositions de coordination
Article 4
Le code civil est ainsi modifié :
2° A l’article 37, les mots : « parents ou autres, » sont supprimés ;
3° A l’article 73, les mots : « des père et mère ou aïeuls et aïeules » sont remplacés par les mots : « des parents ou des aïeuls » ;
4° L’article 75 est ainsi modifié :
a) Au premier alinéa, les mots : « parents ou non des parties, » sont supprimés ;
b) Au dernier alinéa, les mots : « mari et femme » sont remplacés par le mot : « époux » ;
8° L’article 148 est ainsi modifié :
a) Les mots : « père et mère » sont remplacés par le mot : « parents » ;
b) Les mots : « le père et la mère » sont remplacés par le mot : « eux » ;
Le code de la sécurité sociale est ainsi modifié :
1° L’article L. 331-7 est ainsi modifié :
a) Au premier alinéa, les mots : « la femme assurée » sont remplacés par les mots : « l’assuré » ;
b) Au deuxième alinéa, les mots : « l’intéressée » sont remplacés par les mots : « l’assuré » ;
c) Au troisième alinéa les mots : « l’assurée » sont remplacés par les mots : « l’assuré » ;
2° L’article L. 351-4 est ainsi modifié :
a) Au premier alinéa du II, les mots : « du père ou de la mère assuré social » sont remplacés par les mots : « de l’un ou l’autre des deux parents assurés sociaux » ;
Vous pouvez vous-même faire un tour sur le site du Service Public de la Diffusion du Droit LegiFrance ou le site de l’Assemblée Nationale française afin de lire en intégralité ce projet de loi. Mais ces quelques extraits articles nous suffisent ici pour notre démonstration.
Une lecture de ces quelques articles nous met devant le fait qu’il ne s’agit pas d’une question de morale mais de grammaire, même si la grammaire n’est que l’antichambre de la morale. Nous constatons donc qu’avec le « mariage pour tous», comme résumé sur le site du Service public de la diffusion du droit les mots « père et mère » sont remplacés par le mot « parent » et les mots « mari et femme » par le mot « époux ».
Même dans le rôle des rapports sexuels, on parle de plus en plus de rôle actif et passif. Ceci évidemment dans le but d’être cohérent avec la disparition des termes catégoriques homme/femme.
Mais en réalité nous sommes devant une redéfinition de l’être sexué humain. Cette re-définition me semble fondamentalement être l’achèvement d’une révolution psychologique ou la victoire consacrée de la psychologie sur la métaphysique notamment aristotélicienne.
- .Une révolution psychologique ? : De l’être-sexué ontologique à l’être-sexué psychologique
Avec le développement de la psychologie en tant que science tout comme d’ailleurs avec l’autonomie des autres sciences, la copule ontologique d’identité aristotélicienne « EST » qui rattache un attribut souvent biologique et/ou physique au sujet, ne cesse de reculer au profit d’autres paramètres dans la connaissance de l’homme et donc de sa définition. Car la portée ici semble être : quelle science définirait-elle au mieux la nature de l’Etre humain ou rendra compte de ces propriétés et qualités ? Même si les liens entre la métaphysique et la psychologie restent en permanente complémentarité, des intérêts politiques semble parfois ériger un mur étanche entre ces deux ‘’sciences’’.
Lorsqu’Aristote dit par exemple que l’Homme est mortel, cet attribut ou prédicat est ontologique à l’Homme. Il ne peut en aucun cas arriver un moment ou l’homme cesserait d’être mortel. « Mortel » est donc une « substance » de l’être homme.
Ainsi à partir de ce schéma aristotélicien la distinction homme/femme ou mâle/femelle porte aussi une différence ontologique rigide. Il ne peut à aucun moment arriver que l’homme devienne femme, la femme devienne homme, le mâle devienne femelle ou encore la femelle devienne mâle. Si l’homme et la femme partage la même substance qui les différencie des autres espèces, ce qui les différencies entre eux en genre est tout aussi substantiel donc interchangeable. On ne devient pas homme ou femme. On est homme ou femme. C’est là un vieux débat qui opposa les essentialistes et les existentialistes mais qui resurgit sous de nouveaux thèmes de nos jours surtout en matière de moral et d’éthique. Cette posture logique exclut la pure subjectivité au profit de l’objectivité ou de l’universalité.
Mais cette loi sur le mariage pour tous, même si elle ne définit pas les caractéristiques de ce qui est mâle ou femelle, semble laisser le champ libre à tout un chacun de se définir sa sexualité.
- Se-dire-soi-même ou une auto-définition :
Cette re-définition de l’être-homme est d’autant plus singulier et révolutionnaire qu’elle n’est pas issue d’une norme prédéfinie par la société. Se sentir homme ou femme ou encore homme-femme est une re-définition du sujet elle-même qui par-là et librement « se-dit-lui-même ». Ici donc dans cette définition se rejoignent la liberté individuellement avec l’expression psychologique ou sentimentale de soi-même. L’individu librement se donne sa sexualité indépendamment de sa constitution physio-biologique et en contradiction avec la norme sociale établie. On en vient donc a une primauté du « sentir » sur l’ « être » ou simplement le remplacement de celui-ci par celui-là.
- La primauté de « l’être en tant que sentir »
On n’est plus homme, on se sent homme ! On n’est plus femme, on se sent femme. C’est en ces termes que je définie la révolution psychologique de l’être-humain contenue dans ce que la ministre la justice appelle « une reforme de la civilisation ». Il s’agit donc fondamentalement d’un remplacement de « être » par « sentir » ou en d’autre terme le privilège de « l’être en tant que sentir » sur « l’être en tant qu’être »
Cette révolution qui définit l’homme ou la femme selon ce qu’il ou se ‘’sent être’’ semble donc être la fin du paradigme ontologique qui a servi à la catégorisation des connaissances sur les « être » dont le genre humain et continue de gouverner encore la chapelle de la raison de l’humanité.
Avec cette loi, le principe d’identité rigoureux est fortement secoue à tel enseigne qu’il est désormais difficile de dire de nos jours : « Elle = femme ».
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