19 août 2011

Togo: L’avenir de mon pays semble sombre!

Une semaine sépare déjà mon précédent article de celui-ci. Pour moi c’est déjà un temps relativement long pour m’exprimer à travers mon blog. Ceci pour une seule raison: bien que mes activités m’ont aussi énormément occupé entre la recherche philosophique et la préparation d’une communication pour la première édition du BlogCamp Togo, je me suis donné un petit temps de réflexion. Compte tenu de certains évènements successifs qui se passent dans ce pays atypique, je me suis gardé d’apporter seulement l’information; mais de porter une réflexion peut-être prophétique sur ces événements autour d’une seule question: Que présage l’avenir pour mon pays bien aimé le Togo?

Vous constateriez déjà que le titre que porte cet article est l’une des conclusions auxquelles je suis arrivé.
Oui, l’avenir de mon pays semble sombre!

Vous, spécialistes de l’Afrique et du Togo, experts et grands observateurs politiques, patati patata, ne me demandez pas les signes ou raisons qui sous-tendent mon affirmation. Car je vous répondrai comme Jésus aux pharisiens: «Lorsque vous voyez un nuage se lever au couchant, aussitôt vous dites que la pluie vient, et ainsi arrive-t-il. Et lorsque c’est le vent du midi qui souffle, vous dites qu’il va faire chaud, et c’est ce qui arrive. Hypocrites, vous savez discerner le visage de la terre et du ciel; et ce temps-ci alors, comment ne le discernez-vous pas? » (Luc 12, 54-56). Il n’est donc pas surprenant que vous n’ayez pas vu venir le vent des révolutions de 2011!

Mais je me fais le devoir de rappeler ces signes, les signes du pourrissement, gages d’un renouveau. Car « si le grain ne meurt, il ne peut porter du fruit » (Luc 13,18-21).

 Faure, un président assis sur des braises

Il sera difficile voire impossible à Faure Gnassingbé de redorer un quelconque blason de démocrate. Les conditions qui l’ont porté au pouvoir en 2005 avec plus de 500 à 1000 morts, à jamais hanteront ses sommeils. Même toutes les jolies demoiselles de la capitale ne pourront lui donner un sommeil paisible au lit.
Il est difficile quelque soit l’image médiatique que se donnent nos dirigeants, de vraiment savourer les suites agréables d’un pouvoir au prix terrible d’un holocauste humain.

L’honnêteté voudrait que le fautif ne crie pas seulement à la réconciliation, mais aussi et surtout qu’il réponde de ses actes. C’est cela la dignité que peut avoir un homme si dignité il y a encore! Et cela s’appelle être responsable.

Aussi le rappellerai-je, qu’il est impératif que Faure, la poignée de militaires putschistes de 2005 et la minorité d’insolents bourgeois qui entoure le palais présidentiel, répondent de leur crime à la Cour Pénale Internationale.


 L’affaire Kpatcha ou Kpatcha Gate

Une des braises les plus incandescentes qui brulent sérieusement mon cher président, est l’affaire concernant l’arrestation de son demi-frère, Kpatcha Gnassingbé. Affaire désormais connu sous le nom de Kpatcha Gate.

Le fait que le président arrête son frère, un des piliers inébranlables du régime, fragilise son propre camp, et de facto le met dans un état phobique ainsi que ses fidèles. Désormais la psychose à changer de camp avec le vent de soupçon qui plane sur le régime quarantenaire. La preuve la dernière arrestation du tout puissant général Assani Tchidjani.

Jean-Pierre Fabre, un opposant tapageur et gaulois, le casse-tête du pouvoir en place.

D’habitude au Togo, chaque fois après les élections, le scenario est bien connu: voteproclamation des résultatsrépression tout azimutdialogue– et retour au calme.

Mais cette fois, après les élections passées, cette chaine de scenario n’a pas abouti. Les deux dernières scènes: dialogue et retour au calme ne sont pas un acquis.

Et cela à cause d’un certain groupe, aujourd’hui parti politique, ANC, mené par un tonitruant et irréductible gaulois, Jean-Pierre Fabre, ancien dauphin devenu rebelle de Gilchrist Olympio.

En effet depuis plus d’un an, chaque samedi des marches de protestation se font à travers les rues de Lomé, créant un climat socio-politique agité.

La volonté de Faure d’aller encore à une énième dialogue avec la classe politique est la preuve que les élections sont un facteur de crise et d’instabilité dans notre pays malgré les observateurs qui écarquillent leurs yeux en les fermants lors de ces élections. Et pourtant Faure n’a-t-il pas été proclamé par une Cour Constitutionnelle semblable à celle de la Côte d’Ivoire, vainqueur avec plus de 60% des voix?

 Un courant de journalisme citoyen ou de combat

Si l’on peut dire que la plupart des penseurs sont fils de leur temps, cela est sans nul doute applicable à certains journalistes, organes de presse et radios à Lomé.

Plus que jamais, ou le climat socio politique est sombre, noir, ténébreux par une volonté délibérée de ceux qui sont de mèches avec la corruption -puisqu’on ne vole mieux que dans le noir- certains journalistes et radio de la place servent de lanternes à la population.

Je cite simplement ici quelques-uns: Francis Pedro Amouzou, du journal Crocodile News; Ferdinand Ayité de l’Alternative, Jérôme Sossou, du Triangle des enjeux…, qui seraient tous sur une liste de l’ANR, Agence Naltionale de Renseignements, à éliminer; trois radios: Victoire FM 96.3, Légende FM 92.7 et Fréquence FM 103.9, qui organisent quotidiennement des émissions interactives. Je peux dire qu’à travers ces émissions, la prophétie de Jésus se réalise ici dans mon pays: « Rien en effet, n’est voilé qui ne sera révélé, rien de caché qui ne sera connu. C’est pourquoi tout ce que vous aurez dit dans les ténèbres sera entendu au grand jour, et ce que vous aurez dit à l’oreille dans les pièces les plus retirées sera proclamé sur les toits » (Luc 12,2-3).

Et bien, ces journalistes n’ont pas leurs langues dans la poche, ils proclament sur les toits les couloirs sombres du régime de Faure. Et dans ce contexte, il n’est pas surprenant qu’ils soient menacés de mort par un régime démocratique qui a tous les symptômes de la dictature.


 Une justice hantée par les juges

S’il existe une justice dans le monde qui a peur de ses juges, c’est bien au Togo. Vous pouvez m’accuser d’exagération. Vous avez raison, soit; mais je l’affirme parce que je veux que la justice de mon pays soit la meilleure possible. Une justice qui soit le dernier et solide rempart qui puisse réellement réconcilier les fils et filles d’une même nation. Nous pouvons ne pas être les États-Unis d’Amérique, mais nous pouvons mieux faire qu’eux. Rien ne nous destine à la médiocrité.
Mais ma déception est grande, énorme, gigantesque.

Tordre le cou à la justice, voilà la spécialité de certains juges. Sous leurs mains terribles et troubles, la justice crie au secours. Je donne seulement un exemple qui concerne la forme. Dans les cas de Kpatcha Gnassingbé et de l’ancien premier ministre Eugene Adoboli, les procédures ont connu et connaissent une contorsion bizarre qui fait frissonner même les profanes de la profession de justice. Arrêté un député dans la levée de son immunité, jugé un citoyen sans qu’il ne soit formellement averti des charges qui sont retenues contre lui… et la liste est trop longue.

Dans ce contexte où des poches de résistances, de mouvements d’humeur de plus en plus fréquent des salariés ou des syndicats, dans ce contexte où la grogne sociale telle un magma boue au fond du cœur socio-politique de mon pays, rien ne pointe à l’horizon pour assurer cette population qui vit de plus en plus dans la précarité.

Au contraire, on assiste à des manœuvres politiciennes pour s’éterniser au pouvoir.
Malgré l’expertise politique qui entour Faure, je crois que la cécité qui couvre les yeux de tout régime qui vit dans l’illusion créée par sa distance avec le peuple et le mensonge érigé en méthode, ne laissent pas ce régime envisager le pire ou peut-être la honte à l’image d’Hosni Moubarak, si jamais le peuple décide de prendre en mains son destin.

Faure et son régime, s’ils le veulent, peuvent offrir à ce peuple laborieux un avenir respectueux. Je ne dirai pas comme un autre blogueur ami Camerounais qui a titré son tout dernier billet en se demandant : Qui sont ces camerounais qui bruleront le Cameroun demain ? Je veux avoir la joie d’écrire : Qui sont ces togolais qui construiront le Togo demain sinon aujourd’hui même ?

Nous pouvons faire les choses en grand. La transparence peut être une réalité dans notre pays. L’alternance peut se faire en toute fête.
Faisons de ce pays un modèle, et je le rêve meilleur que les autres nations quelques qu’elles soient. Et, ce sera peut-être là le début d’une ère nouvelle pour l’Afrique. Yes, we can!

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Commentaires

David Kpelly
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Hum, Charles, tu sais, ce qui se dégage de ce texte, c'est cette mélancolie qui au jour le jour nous ronge chaque fois que nous passons une minute à méditer sur notre pays. Tous les points que tu as abordés sont justes, très justes. Mais une seule question me ronge, et ronge tous les compatriotes soucieux de l'avenir de notre pays: le Togo s'en sortira-t-il?