Charles Lebon

Togo : Profanation d’une église par les forces de l’ordre, Les Evêques réagissent Déclaration

Les Evêques réunis depuis ce 19 Juin en une session ordinaire de la Conférence Episcopale du Togo (CET) protestent et condamnent la répression survenue lors des manifestations du collectif « Sauvons le Togo ». Ils condamnent notamment la profanation de Eglise Saint Augustin d’Amoutivé par les forces de l’ordre.

Cette condamnation de la Conférence Episcopale du Togo vient démentir aussi le principe de négationnisme et du mensonge du pouvoir. Déjà la semaine dernière, le colonel Gnama-Latta ministre de la sécurité du Togo déclarait…..

«Je suis un croyant. Je ne peux jamais donner l’ordre de tirer dans une Eglise. Je n’étais pas sur les lieux, mais selon les comptes rendus – car ce sont des personnes qui me rendent compte fidèlement – les forces de l’ordre poursuivaient des gens qui sont rentrés dans l’Eglise. Elles lançaient des gaz lacrymogènes. C’est la direction du vent qui a véhiculé le gaz lacrymogène dans l’Eglise».

Je vous offre ici l’intégralité de la déclaration des Evêques en video et texte:

Au premier jour de ses travaux, ce mardi 19 juin, La Conférence des Evêques du Togo, réunie en sa 2e session ordinaire de l’année 2012, a examiné les graves incidents survenus le 13 juin à la paroisse St Augustin d’Amoutivé, dans l’archidiocèse de Lomé.
Des forces de l’ordre ont poursuivi jusque dans l’enceinte de la paroisse des personnes qui y cherchaient refuge.
Des gaz lacrymogènes ont été lancés non seulement dans l’enceinte de la paroisse où se trouve une école mais surtout dans l’église, maison de Dieu, lieu d’adoration et de grand respect.
Des enfants togolais de cette école primaire de la paroisse ont été profondément traumatisés par ces violences indignes de ceux qui sont appelés à assurer la sécurité des fils et filles de notre pays.
Des personnes qui travaillent ordinairement sur la paroisse ont été interpellées par des gendarmes.
De paisibles fidèles venus pour l’adoration devant l’autel de Dieu et devant le Saint Sacrement qui est, pour nous catholiques, le sacrement de la présence réelle de Jésus-Christ, notre Seigneur et notre Dieu, ont également essuyé des rafales de gaz lacrymogènes
Des dommages et dégâts matériels ont été causés dans l’église et ses alentours.
Devant ces actes indignes et irrévérencieux vis-à-vis des personnes et des lieux sacrés la Conférence des Evêques du Togo tient à dire publiquement sa consternation et le choc profond qu’elle ressent en ce moment.
Les Evêques du Togo condamnent fermement ces actes sacrilèges posés brutalement par nos forces de sécurité.
La Conférence des Evêques du Togo tient à dire sa profonde désapprobation, sa vive préoccupation devant de telles attitudes qui en ajoutent aux souffrances de notre peuple, ce peuple que Dieu conduit et protège.

La Conférence des Evêques tient à rappeler que les églises sont des lieux sacrés qui doivent être respectés comme tels. Toute intrusion brutale en leur sein constitue un acte de violation inacceptable et une profanation.

La Conférence rappelle, par ailleurs, que depuis toujours, il est communément admis dans le monde entier que les églises sont considérées comme des lieux de refuge et d’asile, d’où il est inconvenant de déloger ceux qui fuient quelque danger et qui s’y refugient.
Par conséquent, les Evêques du Togo demandent avec insistance que les instigateurs de cette violation soit rappelés à l’ordre et instruits avec exigence afin qu’ils prennent conscience de la gravité des actes qu’ils ont posés dans la maison de prière, maison de Dieu.
Que les responsabilités soient établies et les victimes reconnues et rétablies dans leurs droits et leur dignité. Ils demandent enfin au gouvernement, premier responsable de la sécurité publique de nos citoyens, de prendre des mesures idoines et concertées afin de protéger la vie des citoyens et leur intégrité physique.
Certaines déclarations qui ne répondent pas à la réalité prétendent que les gaz lacrymogènes ont été lancés sur le boulevard et que le vent a orienté les fumées vers l’intérieur de l’église. La Conférence des Evêques du Togo fait remarquer aux porteurs de ces fausses allégations que des vitraux de l’église Saint Augustin ont été brisés non pas par les fumées ni par le vent mais par des tirs des mains sacrilèges qui ont profané la Maison du Seigneur.
Vu la gravité des faits ici rappelés et condamnés, l’Evêque du lieu prendra les dispositions qui s’imposent, conformément aux lois propres à l’Eglise.
Fait à Lomé, le 19 juin 2012


La Conférence des Evêques du Togo (CET)


Togo: République bananière, Arrestation d’un ancien Président de l’Assemblée nationale

Dans un article récent à propos des manifestations qui secouent la capitale togolaise, je faisais un zoom sur un leader de l’opposition, Agbéyome Kodjo qui escaladait les murs afin d’échapper aux violences des forces de l’ordre.
Cette homme, actuellement président de l’OBUTS, ancien premier-ministre, ancien président de l’Assemblée nationale, vient d’être arrêté par la gendarmerie qui a pris soin de défoncer les portes de sa maison.
Cette arrestation est une énième démonstration d’un Etat de non-droit qui règne dans cette république singulière et bananière.

En effet selon la Loi organique déterminant le Statut des Ancien Président de l’Assemblée Nationale, en son Article 10, « Aucun ancien Président de l’Assemblée nationale ne peut être poursuivi ou arrêté en raison des faits délictuels par lui commis
qu’avec l’autorisation de l’Assemblée nationale obtenue après une délibération spéciale votée à la majorité absolue des membres de l’Assemblée nationale. ».

Les manifestations prévues ce matin dans la capitale togolaise tout comme celles de la semaine précédente sont en cours de répression.
Certains jeunes pour échapper à la violence des forces de l’ordre se sont jetés dans la lagune de Bè sans savoir nager. On compterait plusieurs noyés.

un jeune homme noyé après la course poursuite des policiers en train d'être réanimé @SylvioCombey

Ces derniers événements ne présage pas des lendemains sereins pour notre république. Le spectre de la violence de 2005 refait surface malgré la très bonne et pieuse foi couplée de volonté pacifique du chef de l’Etat Faure Gnassingbé de ne plus voir un seul cheveu d’un Togolais arraché.
Tout comme les accords qu’il signe avec l’opposition, il est certain que le chef de l’Etat a vite fait de ranger dans un tiroir son discours-appel à la non-violence prononcé à Atakpamé le 28 juillet 2007 après la découverte du Prince de Machiavel.

Consultez ici en (PDF) Loi-Organique-Determinant-Le-Statut-Des-Anciens-Presidents-de-l-Assemblee-Nationale


Togo : Le CST maintient la pression Nouvelle manifestation

Les événements se sont très vite déroulés la semaine dernière  dans la capitale togolaise. Les manifestations prévues par le Collectif « SAUVONS LE TOGO » (CST)  les 12, 13, 14 juin ont été réprimées dans le sang occasionnant plusieurs blessés aussi bien dans le camp des forces de l’ordre que de celui des manifestants.

Mais les faits ne se sont pas arrêtés à ce niveau. Pendant toute la semaine, plusieurs arrestations arbitraires ont été procédées par les forces de l’ordre mais aussi par des hommes en civil circulant en voitures banalisées.
Comme voulant mettre fin définitivement a cette vague de protestation, les autorités ont cru bon d’interpeller les leaders du CST. Ainsi dans la journée du 16 Me Zeus AJAVON, Me Raphaël KPANDE-ADZARE et Me Gil-Benoît AFANGBEDJI respectivement coordinateur, rapporteur général et trésorier adjoint du Collectif « SAUVONS LE TOGO » de même que certains de ses membres notamment Edem ATANTSI de l’ANC, Pédro AMOUZOU et Ferdinand AYITE de SOS Journaliste en danger, ont été arrêtés par le Capitaine AKAKPO du Service de Renseignement et d’Investigation (SRI) et détenus à la Gendarmerie Nationale « au motif qu’ils seraient les commanditaires des violences qui ont émaillé les manifestations réprimées du 27 avril 2012 et celles des 12, 13 et 14 juin 2012 ».
Ils ont finalement été mis en liberté provisoire ce dimanche aux environs de 19H30 et doivent comparaitre devant les tribunaux le mercredi 20 juin 2012.

Si le but de ces arrestations et intimidations était de mettre un coup de frein à ces manifestations populaires, il semblerait que le gouvernement ait échoué.
Dans un communiqué publié au lendemain de la remise en liberté provisoire de ces leaders, le CST publie un communiqué dont le titre annonce déjà la couleur : APPEL A LA MOBILISATION CITOYENNE CONTRE LES DERIVES ANTI-REPUBLICAINES.



Dans cette communique, le CST appelle de nouveau la population à une nouvelle marche suivie d’un sit-in ce 19 juin.
Je vous laisse apprécier la teneur de l’intégralité de ce communiqué.

Suite aux répressions barbares des manifestations des 12 et 13 juin 2012 occasionnant plus de 119 blessés dont 52 cas graves, 78 cas d’interpellations, des saisies de biens et dégâts matériels, le Capitaine AKAKPO de la gendarmerie nationale, sous l’instigation des caciques du pouvoir en place a procédé à l’arrestation arbitraire de Me Zeus AJAVON, Me Raphaël KPANDE-ADZARE et Me Gil-Benoît AFANGBEDJI respectivement coordinateur, rapporteur général et trésorier adjoint du Collectif « SAUVONS LE TOGO » au motif qu’ils seraient les commanditaires des violences qui ont émaillé les manifestations réprimées du 27 avril 2012 et celles des 12, 13 et 14 juin 2012. Signalons que les trois hauts responsables du CST ont été mis en liberté provisoire ce dimanche aux environs de 19H30 et doivent comparaitre devant les tribunaux le mercredi 20 juin 2012. Rappelons qu’à cette même date , il est prévu que le procès de Kpatcha GNASSINGBE et ses co-accusés sera révisé devant la Cour Suprême, et que ces trois avocats font partie du conseil de l’honorable député. Ce télescopage d’évènement ne viserait à n’en point douter à priver Kpatcha et Co détenu de l’assistance de leur conseil d’une part, et d’autre part à décapiter le CST qui incarne les aspirations légitimes du peuple togolais.

Ces arrestations et la procédure judiciaire enclenchées à l’encontre de ces responsables du Collectif « SAUVONS LE TOGO », se sont faites en violation des dispositions en vigueur aussi bien sur la forme que sur le fond. D’autres membres de la coordination du Collectif ainsi que des responsables d’organisations membres du Collectif, notamment Agbéyomé KODJO de l’OBUTS et Jean-Pierre FABRE de l’ANC, sont inquiétés et menacés d’arrestation.

Le Collectif « SAUVONS LE TOGO » constate la détermination et l’obstination du pouvoir en place à violer les lois de la république, à instrumentaliser les forces de sécurité et la justice à des fins politiques, en dépit des récents rappels de la communauté internationale quant au respect des libertés, gage de la démocratie et de l’Etat de droit.

Après analyse de la situation actuelle, le Collectif « SAUVONS LE TOGO » réaffirme sa détermination à ne pas céder aux manœuvres d’intimidation du pouvoir de Faure GNASSINGBE

Par conséquent, le Collectif « SAUVONS LE TOGO » :

1. Met en garde le pouvoir en place contre toute velléité de dérives répressives, d’intimidations, d’arrestations arbitraires à l’endroit des populations et des responsables du Collectif ;

2. Demande l’arrêt immédiat de poursuites judiciaires infondées, iniques et cyniques engagées à l’encontre de Me Zeus AJAVON, Me Raphaël KPANDE-ADZARE, Me Gil-Benoît AFANGBEDJI et de tous ceux qui ont été interpellés dans le cadre de cette procédure.

3. Exige la libération immédiate et sans conditions de toutes les autres personnes arbitrairement arrêtés lors des manifestations des 12 13 et 14 juin 2012 ainsi que la restitution des matériels et véhicules saisis ;

4. Appelle la communauté internationale et les ambassadeurs en poste à Lomé à prendre la mesure de la gravité de la crise politique qui secoue notre pays ;

5. Demande aux familles qui auraient des personnes disparues ou sans nouvelle en raison des enlèvements survenus ces derniers jours à contacter la Ligue Togolaise des Droits de l’Homme (LTDH) au numéro spécial 99 61 67 46 ;

6. Appelle les populations à prendre leurs dispositions pour se défendre en cas d’agression à domicile par les forces de l’ordre dans la mesure où, l’espace de maintien de l’ordre se limite à la voie publique et que toute intrusion de ces dernières dans les maisons sans mandat d’arrêt ou mandat d’amener, est une violation de domicile ;

7. Appelle les populations à se rendre à Bè-Gakpoto le mardi 19 juin 2012 à 8h pour une marche suivie d’un sit-in au carrefour Deckon suivant l’itinéraire: Bè-Gakpoto – marché de Bè – carrefour Deckon, en remplacement des manifestations légalement autorisées des 12, 13, et 14 juin 2012, mais dont la tenue a été intentionnellement perturbée. Face à l’autisme du pouvoir de Faure GNASSINGBE qui n’a eu que la violence comme réponse aux revendications légitimes du peuple togolais , le Collectif « SAUVONS LE TOGO » lance un appel solennel à toutes les forces vives de la Nation notamment, les partis politiques non membres du Collectif, les syndicats et travailleurs de tous les secteurs d’activités, les commerçants, les étudiants et mouvements de jeunesse, les femmes et les hommes du monde rural, à soutenir et à rejoindre la lutte citoyenne pour le changement et l’avènement d’un Togo démocratique.

Peuple togolais, par ta foi, ton courage et tes sacrifices, la nation togolaise doit renaître !

Fait à Lomé, le 17 juin 2012

Pour le Collectif,

Agbéyomé KODJO

Suivez les événements à temps sur twitter #occupylome


Confiscation du pouvoir au cœur du problème togolais : synopsis de sortie de crise

Une réflexion sur l’ampleur de cette manifestation me rappelle deux articles que j’avais écrits: L’avenir de mon pays semble sombre et Malaise dans la cité. Je concluais le dernier article par ces mots : « … ces évènements […]  sont des signes de l’échec d’une gestion quarantenaire et caduque  du bien commun qu’est le Togo et présage des lendemains incertains pour notre pays si Faure et ses druides politiques ne prennent pas la mesure de la soif du changement et de l’alternance qui animent le peuple togolais ».

Moins d’un mois après cette conclusion, nous assistons à une contestation populaire suivie d’une répression aveugle du régime de Faure Gnassingbé perpétuant ainsi la logique qui a animée les 37 ans de règne sans partage de son père feu Gnassingbé Eyadema.

Des 52 ans d’indépendance que le Togo a, le clan Gnassingbé et les thuriféraires qui le maintiennent en vie, peuvent se glorifier d’en détenir les 49. Puisque déjà en 1963, le père de l’indépendance et de la nation togolaise, Sylvanus Olympio fut sauvagement assassiné par une soldatesque au solde de l’ancienne colonie.

Disons donc cinquante (50) ans de règne  dynastique d’un clan au pouvoir mais qui plus est maintient le peuple dans la misère, le mensonge et la répression.

Le mal togolais pour le résumer simplement puis-ce qu’il est simple est un problème de confiscation du pouvoir.

Le Quai d’Orsay dans son communiqué dans lequel il condamne les violences, invite les acteurs sociaux et politiques au dialogue : «Nous condamnons toutes les violences ainsi que leur instrumentalisation. Le maintien d’un dialogue constant, dans le respect de tous, peut seul permettre l’apaisement de la vie politique au Togo »,  a affirmé le porte-parole du ministère des affaires étrangères.

Mais je tiens à préciser à la diplomatie française, si elle a la mémoire courte, que le Togo compte déjà une dizaine de dialogues acceptés, approuvés, signés par le pouvoir mais jamais appliqués. Il suffit simplement par exemple de reprendre les termes de l’Accord Politique Global en les appliquant pour que la confiance renaisse entre les acteurs politiques et que la tension baisse. Mais la question n’est pas à ce niveau. Demander des reformes institutionnelles et politiques, exiger le respect des droits humains est une façon de vouloir résoudre le problème sans s’attaquer à la racine.

 

La racine du problème togolais est la confiscation du pouvoir. Cette confiscation est d’autant plus rigide qu’elle est soutenue par une armée au service du clan Gnassingbé depuis des décennies et des multinationales qui se font la part belle. La longue durée des Gnassingbé et des vautours qui les accompagnent en s’engraissant, a fini par cristalliser une conviction dans la psychologie et schèmes de pensée du régime en place et de ses barons : « le pouvoir est nôtre. Et jamais il ne doit nous échapper ».  Ainsi l’intention du régime en appelant au dialogue et en se disant ouvert n’est aucunement de discuter des points relatifs à l’alternance.

 

Nécessité d’avoir un dialogue avec un rapport de forces : synopsis de sortie de crise

La solution au problème togolais n’est donc pas simplement le dialogue. Car avant d’arriver à la conclusion qu’il faut dialoguer, il faudrait constater que les protagonistes ne dialoguent pas. Or dans le cas togolais le dialogue existe, le dialogue est au pluriel.

La vraie question qu’il faut se poser est : quel type de dialogue, le Togo a-t-il besoin pour une sortie de crise ?

La réponse est si simple comme le problème : il faut un dialogue ou les rapports de forces ou de pressions s’équilibrent au profit du respect scrupuleux des conclusions qui en découleront. Car la volonté, la bonne volonté n’existe pas et n’existera jamais dans le cœur de Faure et de ces compères.

Ceci suppose que les partis de l’opposition et les acteurs de la société civile doivent peser dans la balance afin que les rapports de forces soient égaux ou en faveur des forces de l’opposition.

Les forces ou moyens auxquels l’opposition peut fait recours

J’ai essayé de relever quatre (4) forces auxquelles l’opposition peut faire recours

  1. L’une des forces de l’opposition est incontestablement les manifestations populaires. Mais cette force ne fait pas le poids devant la force militaire et les dispositions répressives de celle-ci. A moins que s’organise efficacement dans des quartiers la résistance par tous les moyens en une sorte de guérilla urbaine avec des moyens conséquents.
  2. L’une des forces dont la plupart des oppositions à travers le monde bénéficie est la pression de la diplomatie internationale. Or trop souvent cette force n’est active que si tu as un sous-sol comparable au sous-sol libyen, irakien ou afghan ou encore si tu es un bon producteur de café-cacao comme la Cote d’Ivoire. Aussi pour voir cette force s’activer, il faut espérer au moins dix milles tués sans compter les têtes, bras, cuisses, oreilles, nez, cassés.
  3. La troisième force peut bien être une rébellion armée. Dans ce cas, l’opposition doit compter aussi sur le soutien des multinationales pour lui fournir les armes et les pays limitrophes pour loger les rebelles contre peut-être des contrats désavantageux de notre phosphate ou de notre port en eau profonde. L’activation de cette force nécessite la complicité de la diplomatie internationale. Or comme je l’ai indiqué, nous n’avons pas de pétrole, ni de cacao.
  4. La quatrième force que disposent l’opposition et les acteurs sociaux pour aller a un dialogue dans lequel les forces en présences s’équilibreraient, relève d’un sursaut patriotique. Ce sursaut patriotique doit émaner de deux forces l’armée et le peuple :
    • Les forces armées qui opteront à être neutre et refuser d’obéir à tout ordre de répression.
    • Le peuple qui se mettra à la disposition de l’opposition et sortir à tout moment pour des manifestations populaires et pacifiques en appui aux leaders qui sont en discussion avec le pouvoir.

 

Cette dernière force est souhaitable et, à mon avis, reste la seule qui peut valablement accompagner les forces vives du Togo à faire fléchir le gouvernement et a lui faire une cuire de dé-confiscation du pouvoir.

Mais si ce moyen ou force reste impossible, il ne nous reste qu’à nous agenouiller et prier le bon Dieu pour qu’il envoie un militaire putschiste mais pas du nom d’un Dadis Camara ou d’un Sanogo.

Tout compte fait, il est urgent que tous les acteurs sociaux, les leaders de l’opposition et le parti au pouvoir prennent leurs responsabilités avant que le peuple ne décide d’obtenir ce qu’il veut sans eux. Car nous avons encore la chance que le peuple, la foule, écoute encore certains qui le dirigent. Mais jusqu’à quand ?

La communauté internationale et les diplomates accrédités au Togo doivent aussi jouer leurs rôles pour éviter que la situation ne dégénère.

Il est encore possible de faire partir ce régime sans violence. Mais faudrait-ils que chacun joue sa partition.


« Occupy Lomé » : une Cyber-contestation active

Les trois jours consécutifs de manifestations prévus par le « Collectif Sauvons le Togo », a été marqué par une violente répression de la part des forces de l’ordre. Pour le compte de la deuxième journée, le CST dans un communique fait le bilan ci-après : « 54 blessés dont 24 graves dans la journée du 12 juin 2012, 65 blessés dont 32 graves ; Arrestations : 15 personnes arrêtées le 12 juin 2012, 63 personnes le 13 juin 2012, dont une douzaine au sein de l’église saint Augustin d’Amoutivé ».

En ce moment ou je mets en ligne cet article, on peut considérer ce bilan comme provisoire car les arrestations et enlèvements continuent dans la capitale togolaise.

Quelques acquis de cette mobilisation

  • La mobilisation médiatique

L’importance de cette mobilisation et l’ampleur de la répression a fait réagir la plus part des media internationaux et africains qui d’habitudes restent sourdes à moins qu’il y ait plus de 500 morts comme en 2005 à l’accession au pouvoir de Faure Gnassingbé.

De même, la diplomatie française, chose rarissime envers notre pays a condamné cette répression dans un communique du  Quai d’Orsay «Nous condamnons toutes les violences ainsi que leur instrumentalisation. Le maintien d’un dialogue constant, dans le respect de tous, peut seul permettre l’apaisement de la vie politique au Togo »,  a affirmé le porte-parole du ministère des affaires étrangères Bernard Valéro.

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Cette mobilisation médiatique est surtout due à l’activiste des utilisateurs de réseaux sociaux et blogs Togolais.

  • Les réseaux sociauxUne capture d’écran des tweets dans le fil #occupylome ci-dessous

L’une des particularités de cette manifestation populaire est aussi le rôle que les internautes togolais ont joué dans cette mobilisation notamment à travers blogs et  réseaux sociaux, en particulier twitter avec le hashtag #occupylome. Désormais, à part la contestation sur le terrain,  le gouvernement doit compter aussi avec ce que Julie Mirande dans son œuvre intitule Le rôle des réseaux sociaux dans la révolution arabe, appelle : « La cyber-contestation » (PDF).

Ces réseaux sociaux se sont révélés comme un support de la mobilisation sur le terrain, d’alertes et de diffusion rapide et instantanée des informations, images et vidéo.

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Exemple d’une video publiée par @Untogovi qui a fait le tour du web: un jeune sauvagement arrêté et molesté par la police

Ceci ouvre déjà un autre front de conflit  car certainement les sbires du pouvoir ne manqueront pas de contrecarrer par la désinformation, ces activistes 2.0 qui informent le monde du visage réel du régime de Faure Gnassingbé.

Cependant la réussite de cette mobilisation est l’expression d’un mal très profond d’un peuple qui ploie depuis bientôt cinquante (50) ans sous le règne d’un clan.

                                                                                                              ………analyse à suivre!

 


«Occupy Lomé» 2è journée: CST Déclaration Liminaire conférence de presse

La foule de manifestants occupant les rues de Lome ce 12 juin

Je vous présente la déclaration qui a sanctionné la conférence de presse tenue ce 13 juin par le «Collectif Sauvons le Togo».

Cette déclaration fait suite à la répression violente des forces de l’ordre en ce deuxième jour consécutif, des manifestants qui ont occupé le centre commercial de Lomé Dékon. Cette déclaration fait brièvement le bilan de cette journée et annonce une nouvelle serie  de manifestations.

Voici l’intégralité de la déclaration:

CST-DECLARATION Liminaire conférence de presse du 13 JUIN – 13 JUIN 2012 DECLARATION LIMINAIRE

Le mercredi 13 juin 2012, le Collectif « SAUVONS LE TOGO » a poursuivi le deuxième jour d’une série de manifestations qui ont débuté le 12 juin 2012.

Ce matin, aux environs de 9 heures, les agents de sécurité positionnés du côté ouest du carrefour Deckon, ont subitement et sans motif, chargé à coups de tirs de grenades lacrymogènes et de balles en caoutchouc de type non conventionnel dans le cadre du maintien d’ordre, la foule de manifestants dont la majorité avait passé la nuit au carrefour. Les manifestants ont été poursuivis dans les ruelles et maisons environnantes ainsi que dans la cour de l’église saint Augustin d’Amoutivé.
Ces répressions sans discernement ont engendré les conséquences ci-après :

  •  Blessés : 54 blessés dont 24 graves dans la journée du 12 juin 2012, 65 blessés dont 32 graves ; Arrestations : 15 personnes arrêtées le 12 juin 2012, 63 personnes le 13 juin 2012, dont une douzaine au sein de l’église saint Augustin d’Amoutivé.
  • Saisie de biens : l’ensemble du matériel de sonorisation déployé sur les lieux a été emporté et saisi.

Le Collectif « SAUVONS LE TOGO » met à nouveau en garde le gouvernement et le rend entièrement responsable des conséquences de ces répressions et demande la libération immédiate et sans condition de toutes les personnes arrêtées les 12 et 13 juin 2012, ainsi que la prise en charge des frais de soins de santé des blessés.

Face à cette situation, le Collectif «SAUVONS LE TOGO » :

  • Lance un appel aux vaillantes populations de Lomé à se mobiliser de nouveau pour occuper le carrefour Deckon demain, jeudi 14 juin 2012 à partir de 8h ;
  • Lance une journée Togo mort le vendredi 15 juin 2012 pour protester contre la répression sauvage et barbare dont les manifestants ont fait l’objet les 12 et 13 juin 2012 ;
  • Renouvelle la tenue des deux jours de marches et sit-in dont le déroulement a été perturbé, pour le lundi 18 et le mardi 19 juin 2012 ;
  • Annonce la tenue d’une nouvelle marche suivie de trois (03) journées de sit-in les mercredi 20, jeudi 21 et vendredi 22 juin 2012, sur toute l’étendue du territoire national.

 
Peuple togolais, par ta foi, ton courage et tes sacrifices, la nation togolaise doit renaître !
Fait à Lomé, le 13 juin 2012
Pour le Collectif,
Le Coordinateur,
SIGNE
Me Ata Messan Zeus AJAVON

 


« Occupy Lomé »: zoom sur un opposant

Celui que vous voyez porte par les jeunes, escaladant les murs, est le président du parti politique d’opposition OBUTS (Organisation pour Bâtir dans l’Union un Togo Solidaire)

Il raconte sur son mur Facebook, les circonstances qui expliquent cette image : « Je suis sain et sauf et plus que jamais déterminé à en finir avec le despotisme archéologique qui régente la vie des togolais. Alors que rien ne prédisposait à la résurgence de la violence, des soldats anti républicains, au service des conservateurs ont ouvert le feu des gaz lacrymogènes et des balles en caoutchouc contre les manifestants à cent mètres du Carrefour de Dékon. Poursuivi j’ai dû me retrancher dans une maison où un soldat a eu outrecuidance de me poursuivre en tirant à ma suite des coups de gaz lacrymogène. Il a fallu trouver un autre refuge, et je me suis découvert des qualités d’un athlète olympique en franchissant non sans risques et blessures un mur très haut. »

 

J’ai bien voulu insérer cette image dans le précédent article qui rassemble les autres images de cette première journée, mais je pense que celle-ci, à elle seule, démontre deux choses :

  •  La mauvaise volonté du régime de Faure Gnassingbé dont la logique actuelle n’est pas différente de celle qui l’a conduit au pouvoir en 2005 à usurper le fauteuil présidentiel a la mort de son père feu Gnassingbé Eyadema avec un lourd bilan macabre de plus de 500 morts.
  •  La détermination plus que inébranlable des leaders de l’opposition qui sont prêts à payer la plus lourde tribu pour les notions combien noble de liberté, de démocratie et d’une paix durable.

Rappelons qu’Agbéyome Kodjo fut créé ministre de l’Administration territoriale et de la Sécurité en Septembre 1992, élu président de l’Assemblée nationale pour le compte du RPT en juin 1999 et nomme premier ministre le 29 Août 2000 avant de rejoindre les rangs de l’opposition apres avoir publie le 27 Juin 2002 un document sous forme de testament intitulé « IL EST TEMPS D’ESPERER » qui décrit les dysfonctionnements qui marquent l’administration générale et de l’économie nationale.


TOGO « Occupy Lomé » : Première journée en Images

Quelques images rassemblées pour vous donnez une idée de cette première journée et cette première nuit du mouvement Occupy Lomé.

Grand marché de Lomé vidé par les femmes en soutien au CST

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Premiere nuit "Occupy Lome"

 

 

 

 

 

 

 

Podium pour la premiere nuit "Occupy Lome'

 

 

 

 

 

 

 

 


Communiqué du CST : « Occupy Lomé » Première Journée

 

Le CST dans un communiqué dresse un bilan de la première journée des trois jours consécutifs de ses manifestations contre l’adoption non-consensuelle du code électoral et le non respect des droits de l’homme.

Le mouvement de protestation qui consiste en un sit-in permanent pendant trois (03) jours consécutifs les 12, 13 et 14 juin est désormais connu sous le nom de Occupy Lomé. Vous pouvez donc suivre ce mouvement à travers Twitter avec un hashtag du même nom #occupylome

Voici l’intégralité du communiqué :

Le mardi 12 juin 2012, le Collectif « SAUVONS LE TOGO » a débuté une série de manifestations, régulièrement déclarées et actées par le président de la délégation spéciale de la commune de Lomé, autorité compétente habilitée par la loi.

Déjà aux environs de 8 heures, sous une pluie battante, des centaines de milliers de Togolais, se sont rassemblés à Bè-Gakpoto, lieu de départ de la marche, tandis que d’autres ont pris d’assaut, à partir de 10 heures, le carrefour Dékon, lieu prévu pour le sit-in.

Malgré la rencontre qui a eu lieu le jeudi 07 juin 2012 entre les ministres de la sécurité et de l’administration territoriale et les responsables du Collectif « SAUVONS LE TOGO », malgré la sortie médiatique de ces deux ministres sur la télévision nationale la veille de la manifestation, rassurant les populations qu’elle serait encadrée conformément aux règles de l’art, il est à déplorer qu’à peine les manifestants se sont approchés du lieu du sit-in qu’ils ont été violemment chargés, réprimés et dispersés à coups de grenades lacrymogènes et de balles en caoutchouc de type non conventionnelles dans le cadre du maintien d’ordre.

On dénombre plusieurs manifestants blessés dont l’ancien premier ministre, monsieur Agbéyomé KODJO, président de la formation politique OBUTS, et des dizaines d’autres arrêtés, passés à tabac et détenus dans les commissariats où ils subissent des mauvais traitements et sont privés de visite et de nourriture.

Contactés par les responsables du Collectif « SAUVONS LE TOGO », les ministres sus-cités leur ont clairement affirmé qu’ils n’ont jamais demandé aux forces de l’ordre déployées sur les lieux de procéder à une telle répression.

Le Collectif « SAUVONS LE TOGO »  conclut à l’existence d’un service de sécurité parallèle qui a pour unique mission de réprimer sans discernement, ce qui est hautement dangereux à la sécurité des manifestants.

Par ailleurs, des informations précises font état de ce que, à la veille de la manifestation, une autorité proche du pouvoir en place a fait distribuer à des délinquants et drogués, résidant aux abords du marché de Hanoukopé, des billets de 2000 F CFA et des armes afin qu’ils s’en prennent aux forces de sécurité qui en retour pourront en trouver prétexte pour réprimer les manifestants et saboter ainsi la tenue du sit-in.

D’autres informations de sources dignes de foi, révèlent que les forces de l’ordre et de sécurité, en réunion de crise au camp gendarmerie pour analyser l’impact du sit-in, ont décidé de réprimer à nouveau les manifestants au petit matin, en vue de les déloger du carrefour Deckon.

Le Collectif « SAUVONS LE TOGO »  condamne ce comportement irresponsable, cynique et inique qui continue de faire du Togo un pays de non droit.  Le Collectif « SAUVONS LE TOGO »  met en garde le gouvernement et le rend entièrement responsable des conséquences de cette répression aveugle et barbare.

En conséquence, le Collectif « SAUVONS LE TOGO » demande la libération immédiate et sans conditions de toutes les personnes arrêtées, ainsi que la prise en charge des frais de soins de santé des blessés.

Enfin, le Collectif « SAUVONS LE TOGO »  salue la détermination des populations togolaises qui, malgré cette répression, se sont maintenues sur le lieu du sit-in et lance de nouveau un appel aux populations de Lomé et de ses environs ainsi que celles de l’intérieur du pays à rejoindre le carrefour Deckon pour la suite des manifestations jusqu’à satisfaction totale des revendications.

Peuple togolais, par ta foi, ton courage et tes sacrifices, la nation togolaise doit renaître !

Fait à Lomé, le 13 juin 2012

Pour le Collectif, Le Coordinateur,

SIGNE

Me Ata Messan Zeus AJAVON


Code électoral non-consensuel au Togo : document et analyse critique

 

Ces 12, 13, 14, juin,  le CST « Collectif Sauvons le Togo » entend par une série de manifestations « arracher » au pouvoir  de Faure Gnassingbé, le retrait pur et simple de l’adoption non-consensuelle du code électoral par l’Assemblée nationale acquise à sa cause avec l’appui de l’ex-parti d’opposition de Gilchrist Olympio l’UFC, le 25 mai dernier.

Cette adoption unilatérale du code électoral est, selon le CST, une « violation flagrante du Protocole A/SP1/12/01 sur la démocratie et la bonne gouvernance additionnel au protocole de la CEDEAO relatif au mécanisme de prévention, de gestion, de règlement des conflits, de maintien de la paix et de la sécurité qui dispose au point 1 de son article 2 qu’« aucune réforme substantielle de la loi électorale ne doit intervenir dans les six (6) mois précédant les élections, sans le consentement d’une large majorité des acteurs politiques » précise-t-il dans un communiqué publié le 29 mai dernier.

Ainsi, le CST coordonné par Me Zeus Ajavon, invite la population à manifester afin « d’arracher au régime RPT, le respect de la loi, de la Constitution, et des droits humains et pour imposer la tenue d’élections libres et honnêtes dans les délais appropries » peut-on lire sur les tracts qu’il a distribués.

Notons que le «Collectif Sauvons le Togo » rassemble des partis politiques et des associations de la société civile, ainsi que plusieurs organisations de défense des droits de l’homme (ODDH).

Je vous présente ici le code électoral non-consensuel (en PDF) adopté et une vidéo réalisée par des citoyens analysant les points de discorde dudit code.

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